Guerre Israël-Hamas: le scénario d’une grande crise migratoire qui inquiète les Européens

L'armée israélienne a lancé ce mardi une offensive au sol au sud de la bande de Gaza. L’ONU dénonce une nouvelle catastrophe humanitaire insensée. C’est la quatrième phase de la guerre. Après plusieurs semaines de bombardements, l’entrée des troupes au sol au nord, et sept jours de trêve, c’est maintenant l’offensive au sud qui vient de commencer. Et qui s’annonce terrible. Des chars israéliens sont entrés dans les faubourgs de Khan Younès, la plus grande ville du sud de Gaza. Une ville surpeuplée depuis l'afflux de centaines de milliers de réfugiés qui ont fui le nord de la bande. Le général israélien qui dirige l'opération a estimé que ce mardi a été la journée de combat la plus intense depuis l’invasion de la bande de Gaza.
Le représentant de l’organisation mondiale de la santé (OMS), un Néerlandais qui se trouve sur place, a dit que la situation est proche de l’heure la plus sombre de l’humanité. Curieuse formule, mais on comprend bien ce qu’il veut dire… La présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Mirjana Spoljaric, elle aussi présente sur place, dénonce les souffrances "intolérables" de la population.
Au moins 10.000 civils tués à Gaza
On peut maintenant avoir un ordre d’idée sur le nombre de morts que font ces combats. Le ministère de la Santé, contrôlé par le Hamas, publie presque tous les jours des bilans. Le dernier fait état de 16.000 morts depuis le 7 octobre. Ce chiffre est impossible à vérifier. Mais Israël vient aussi de publier des chiffres. L'armée estime avoir tué 5.000 combattants du Hamas et de hauts responsables militaires cités par le journal Times of Israël estiment que pour chaque combattant tué, on déplore la mort de deux civils. Les officiers israéliens admettent donc que leurs bombardements ont vraisemblablement tué 10.000 civils à Gaza en deux mois. A titre de comparaison, c'est à peu près le nombre de civils ukrainiens qui sont morts en près de deux ans.
Les buts de guerre de l'armée israélienne sont toujours les mêmes: éradiquer le Hamas, sauf que les dirigeants et les combattants du Hamas sont au cœur de la population. L'armée israélienne veut donc avancer quartier par quartier dans Khan Younès, comme elle le fait dans la ville de Gaza. Des tracts sont lancés pour inciter la population à quitter les zones qui sont bombardées. Les Israéliens voudraient que les civils se dirigent vers la mer, tout au sud de la bande, mais c’est une zone bien trop petite pour accueillir autant de monde et sans aucune infrastructure d'accueil… C’est un déplacement permanent et massif des populations qui est organisé par Israël.
Des bateaux vers l’Europe?
Comment tout cela peut-il se terminer? Personne n’en sait rien. Mais il y a un scénario noir qui commence à sérieusement inquiéter les Européens. Si l'armée israélienne continue à pousser deux millions de Gazaouis vers le sud, il risque d’arriver un moment où l'Egypte ne pourra plus résister à la pression et devra ouvrir sa frontière. Mais les Egyptiens n'envisagent pas une seconde d'accueillir ces réfugiés palestiniens. Principalement parce qu’ils ne veulent pas voir arriver chez eux les fanatiques du Hamas, proches des Frères musulmans, les pires ennemis du régime égyptien.
Les autorités du Caire ont prévenu le haut-commissaire européen aux Affaires étrangères: si les habitants de Gaza passent la frontière et se retrouvent massivement en Egypte, dans le désert du Sinaï, les Egyptiens leur fourniront des bateaux pour qu’ils gagnent l’Europe, via la Grèce, Malte ou Lampedusa. C’est potentiellement, pour l'Europe, une crise migratoire plus importante que celle de 2015, lorsqu’il avait fallu accueillir les Syriens qui fuyaient la guerre.