La situation à Gaza, "enfer sur Terre" selon un dirigeant de l'ONU, continue de s'aggraver

La situation s'aggrave toujours à Gaza. L’ONU annonce une possible implosion et un effondrement de l’ordre civil dans le territoire palestinien. C’est le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui emploie ces mots. Il craint une catastrophe dont Gaza ne se remettra jamais. En raison des bombardements constants de l'armée israélienne, il s’attend à un effondrement total de l’ordre public qui va bientôt rendre impossible toute aide humanitaire.
Le patron de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens a été plus précis. Le Suisse Philippe Lazzarini, de retour de Gaza, a décrit ce qu’il a vu: des habitants faire main basse sur la nourriture, l’aide humanitaire, et la manger immédiatement dans la rue.
Il explique que la faim est une chose que les habitants de Gaza n’avaient jamais connue mais qui est apparue ces dernières semaines. Il affirme que partout où l’on va, les gens sont désespérés, terrifiés et affamés. Ce vétéran de l’humanitaire a conclu une conférence de presse jeudi à Genève en disant: "Gaza est l’enfer sur Terre".
Ces dernières heures, la météo a encore aggravé la situation. Il est tombé des trombes d’eau qui ont transformé en bourbier les camps où s'entassent les déplacés. Le froid est venu s’ajouter à la faim.
Israël prévient que la guerre sera longue
Israël, de son côté, a annoncé ce jeudi que la guerre serait longue. C’est le ministre de la Défense, Yoav Gallant, qui a prévenu que la destruction du Hamas prendra du temps. Plus que quelques mois. Dans une autre interview, il avait parlé d’un an.
Le gouvernement a défini l’objectif de cette guerre: chasser le Hamas du pouvoir et détruire ses capacités militaires. L'armée affirme avoir tué environ 7.000 combattants du mouvement terroriste dont une dizaines de commandants de bataillons et un commandant de brigade.
Mais l’armée reconnaît que le Hamas dispose encore de plusieurs milliers de combattants et d’unités organisés. Mardi soir, par exemple, dans la banlieue de Gaza, les hommes du Hamas ont tendu un piège et tué dix soldats israéliens.
Et c’est dans ce contexte que les soldats israéliens viennent de retrouver le corps d’un otage franco-israélien. Elya Toledano, 28 ans, enlevé lors de la rave party du 7 octobre. Il était le fils d’une dentiste originaire de Strasbourg.
Les Israéliens n’ont toujours pas trouvé leur cible n°1
Impossible pour l'armée israélienne, pour l’instant, de mettre la main sur le chef du Hamas à Gaza, Yahia Sinwar, le cerveau de l’attaque du 7 octobre. D'après la presse israélienne, il a quitté la ville de Gaza au début de l'offensive terrestre, caché dans un camion humanitaire.
Il aurait trouvé refuge au sud, à Khan Younès, sa ville natale. Sa maison a été encerclée par l'armée au début de cette semaine mais visiblement, il ne s’y trouvait pas. Le journal israélien Haaretz affirme que les services secrets veulent sa peau, mais aussi celle du chef militaire du Hamas, Mohamed Deif. Sur la liste des hommes à abattre, se trouvent aussi des dirigeants du Hamas à l’étranger, au Qatar et en Turquie. Ils sont considérés comme des cibles légitimes d’assassinat.
Israël va-t-il vraiment pouvoir poursuivre cette guerre pendant des mois? En réalité, sans doute pas, contrairement à ce que répètent Netanyahu et ses ministres. C’est sans doute plutôt en semaines que cela va se compter. Pourquoi? Parce que le temps joue contre les Israéliens. Les Américains, qui les soutiennent aujourd’hui, vont finir par exiger la fin des bombardements, parce que l’opinion mondiale le demande, et parce que l’image des Etats-Unis dans le monde se dégrade.
Le site d’information américain Politico a même écrit que Joe Biden entend obtenir la fin de l’offensive actuelle dès le début du mois de janvier. Les Américains ont les moyens de faire pression sur Israël. Tsahal, l'armée israélienne, ne peut pas tenir longtemps sans le soutien des Etats-Unis.