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Mandats d'arrêt demandés contre Netanyahu et le Hamas: "Pas un tournant, mais c'est symbolique"

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Le procureur de la Cour pénale internationale a demandé l'émission de mandats d'arrêt contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le chef du Hamas Ismaël Haniyeh. Une décision "symbolique" mais qui ne devrait pas changer grand-chose, explique le politologue Frédéric Encel sur RMC.

Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, a demandé ce lundi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et des dirigeants du Hamas pour des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité présumés commis dans la bande de Gaza et en Israël.

Pour Frédéric Encel, essayiste et géopolitologue, expert en relations internationales, c'est une manière de mettre dos à dos le Hamas et Israël. "Le procureur pointe ce qui serait, au conditionnel, des faits perpétrés constitutifs de crimes de génocides comme les viols de la part du Hamas et le fait d’affamer une population de la part de Tsahal", explique-t-il dans Apolline Matin ce mardi sur RMC et RMC Story. Il évoque "deux points rares et originaux quand il y a ce type de requête de la part de la CPI".

L'invité du jour : Frédéric Encel - 21/05
L'invité du jour : Frédéric Encel - 21/05
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Benjamin Netanyahu exprime son "dégoût"

Car la CPI n’en est qu’au stade de la requête. Ses juges doivent désormais décider s’ils donnent suite ou non à la demande du procureur Karim Khan. "Cela peut prendre quelques jours, quelques semaines mais pas quelques années", prévient Frédéric Encel qui cite le cas de Vladimir Poutine et d’Omar el-Bechir, l’ancien dirigeant du Soudan.

La demande fait déjà des remous. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rejeté "avec dégoût" la comparaison entre Israël, un pays "démocratique", et "les meurtriers de masse" du Hamas. Les États-Unis ont estimé que c’était une erreur de mettre dos à dos Hamas et Israël. En Europe, l’Allemagne dit respecter les décisions indépendantes de la CPI, tout en jugeant que c’est une erreur de mettre Hamas et Israël dos à dos.

La France, de son côté, "soutient la CPI" et dit "respecter son indépendance", rappelant avoir condamné les attaques terroristes du 7 octobre et avoir alerté sur "le caractère inacceptable des pertes civiles dans la bande de Gaza", dans le cadre de la riposte israélienne qui a fait plus de 35.000 morts selon les autorités du Hamas.

"Première fois que le Premier ministre d’un état démocratique est pointé du doigt par la CPI"

Frédéric Encel ne se dit pas surpris par cette décision et estime qu’elle ne changera rien à la situation, ni sur le plan diplomatique, ni dans l’opinion publique. "Sur le plan symbolique, ça va changer quelque chose puisque c’est la première fois que le Premier ministre d’un état démocratique est pointé du doigt par la Cour pénale internationale".

Trois hommes du Hamas sont également visés par la demande du procureur de la CPI, au grand dam du mouvement islamiste palestinien. "Dans une guerre asymétrique, le plus faible militairement, le Hamas ici, l’emporte en principe politiquement, et là ce n’est pas le cas. Les deux responsables de l’attaque du 7 octobre sont pointés du doigt, tout comme Ismaël Haniyeh, le chef de la branche politique Hamas, qui était pourtant à Doha, au Qatar, ce jour, et a priori ne donne pas de tels ordres", rappelle-t-il.

"C’est bien la signification que le procureur de la CPI considère l’entièreté du Hamas comme un mouvement ayant perpétré potentiellement des crimes contre l’humanité", ajoute Frédéric Encel.

Si la requête du procureur de la CPI était suivie par les juges, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pourrait en théorie être arrêté par les autorités en cas de visite en France ou dans tout autre pays de l’Union européenne, qui reconnaît l’autorité de la Cour pénale internationale.

Guillaume Dussourt Journaliste BFMTV-RMC