"Votre appel à un État palestinien alimente ce feu antisémite" Nethanyahu somme d'agir Macron avant fin septembre

Benyamin Netanyahou et Emmanuel Macron à l'Elysée, le 5 juin 2018. (Illustration) - PHILIPPE WOJAZER / POOL / AFP
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé le président français Emmanuel Macron "d'alimenter le feu antisémite" en France en appelant à la reconnaissance internationale de l'Etat de Palestine, selon un courrier officiel au chef de l'Etat français.
"Je vous appelle à remplacer la faiblesse par l'action, l'apaisement par la volonté, et à le faire avant une date claire: la nouvelle année juive, le 23 septembre 2025", poursuit cette lettre signée de Benjamin Netanyahu, en date du 17 août, et transmise à l'AFP ce mardi 19 août.
"Je suis préoccupé par la montée alarmante de l'antisémitisme en France et par le manque d'actions décisives de votre gouvernement pour y faire face. Ces dernières années, l'antisémitisme a ravagé les villes françaises", écrit le Premier ministre israélien.
"Depuis vos déclarations publiques attaquant Israël et signalant la reconnaissance d'un Etat palestinien, il a augmenté", affirme-t-il.
"Votre appel récompense la terreur du Hamas"
"Suite à l'attaque sauvage du Hamas contre le peuple israélien le 7 octobre 2023, des extrémistes pro-Hamas et des radicaux de gauche ont lancé une campagne d'intimidation, de vandalisme et de violence contre les Juifs à travers l'Europe", une campagne qui "s'est intensifiée en France" sous le mandat d'Emmanuel Macron, estime le Premier ministre israélien.
Il liste plusieurs incidents récents, dont le saccage de l'entrée de bureaux de la compagnie aérienne El Al à Paris, l'agression d'un homme juif à Livry-Gargan, ou des rabbins "agressés dans les rues de Paris". "Ces incidents ne sont pas isolés. Ils constituent une plaie".
"Votre appel à un Etat palestinien alimente ce feu antisémite. (...) Cela récompense la terreur du Hamas, renforce le refus du Hamas de libérer les otages, encourage ceux qui menacent les Juifs français et favorise la haine des Juifs qui rôde désormais dans vos rues", accuse encore Benjamin Netanyahu.
Nouvel an juif et Assemblée de l'ONU
Il loue en contre-exemple le président américain Donald Trump, pour son "combat" contre les crimes antisémites et pour "protéger les Juifs américains".
"Président Macron, l'antisémitisme est un cancer. Il se propage lorsque les dirigeants restent silencieux. Il recule lorsque les dirigeants agissent. Je vous appelle à remplacer la faiblesse par l'action, l'apaisement par la volonté, et à le faire avant une date claire: la nouvelle année juive, le 23 septembre 2025", apostrophe en conclusion le Premier ministre israélien.
La France a annoncé fin mai qu'elle reconnaîtrait en septembre prochain l'Etat de Palestine, à l'occasion de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations unies.
Une décision qui "récompense la terreur", avait alors déjà fustigé M. Netanyahu, en référence à l'attaque du 7-Octobre. Les Etats-Unis, premier soutien d'Israël, ont pour leur part "fermement" rejeté une mesure "imprudente".
La reconnaissance désirée par une dizaine de pays
Quelques jours plus tard, le Canada avait lui aussi fait part de son intention en faveur d'un Etat de Palestine. Puis le Royaume-Uni, sauf si Israël prenait une série d'engagements, dont celui d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.
Depuis le début de la guerre à Gaza, une dizaine de pays ont annoncé leur intention de reconnaître l'Etat de Palestine. Fin juillet, l'Australie et 14 autres pays occidentaux, dont la France et la Canada, ont "invité" la communauté internationale à faire de même. La Nouvelle-Zélande a dit qu'elle réfléchirait à le faire d'ici septembre.
La France coprésidera en septembre avec l'Arabie saoudite une conférence internationale visant à relancer la solution dite "à deux Etats", palestinien et israélien.
L'Assemblée générale de l'ONU prévue en septembre prend fin précisément le 23, date posée par M. Netanyahu dans son courrier.
Selon la presse australienne, Benjamin Netanyahu a envoyé le 17 août un courrier similaire au Premier ministre australien Anthony Albanese, qu'il accuse également "d'alimenter le feu antisémite", et qu'il somme lui aussi d'agir avant le 23 septembre.