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"Nos enfants meurent": la loi sur le harcèlement scolaire "passe à côté du sujet" selon la maman d’une victime

Dans "Apolline Matin" ce jeudi sur RMC, Nora Fraisse, fondatrice de l'association "Marion, La main tendue" a estimé que la loi votée à l’Assemblée nationale sur le harcèlement scolaire passe "à côté du sujet".

"Aujourd’hui, dans cette loi, on passe à côté du sujet, de l’essentiel". Les députés ont voté ce mercredi la création d'un nouveau délit pénal spécifique de harcèlement scolaire, passible de 3 à 10 ans d’emprisonnement et de 45.000 à 150.000 euros d’amende, en fonction de la gravité des faits commis, de l’incapacité de travail inférieure à 8 jours au suicide ou la tentative de suicide de la victime. Le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, s'est félicité du "signal" envoyé: "Nous ne nous habituerons jamais à ce que des vies d'enfants soient brisées".

Mais cette loi n’est pas convaincante pour Nora Fraisse, fondatrice de l'association "Marion, La main tendue", maman de Marion, victime de harcèlement scolaire. "Concrètement, comment on fait ?, a-t-elle demandé dans "Apolline Matin" ce jeudi sur RMC. Le temps des symboles, il est terminé. Nos enfants meurent. Nos parents ont besoin d’être accompagnés. Il faut se déployer, il faut des moyens, des humains." "Entre 2013 et 2018, il y a eu la création de quatre lois, rappelle-t-elle. Rien n’est appliqué. Le cyberharcèlement en meute continue. Il faut appliquer les lois, se donner les moyens. On passe à côté du sujet pour le premier degré, notamment. Qu’est-ce qu’on fait pour les enfants de moins de 12 ans ? Ils vont où, on fait quoi ?"

"J’invite le Sénat, en deuxième lecture, à s’emparer du sujet"

"Il faut connaitre le phénomène de harcèlement et de meute, et notamment dans le premier degré, du CP au CM2. Les bagarres ont lieu au périscolaire. Comment on fait ? Est-ce qu’on a formé les agents du périscolaire ? Dans la dernière enquête, 30% des élèves disent se sentir en insécurité aux abords des écoles. Qu’est-ce qu’on fait dans les transports scolaires, dans les territoires ruraux ?", interroge Nora Fraisse, qui compte désormais sur le Sénat pour apporter des modifications.

"Aujourd’hui, dans cette loi, on passe à côté du sujet, de l’essentiel. Il n’y a rien sur le revenge porn, sur le sexting… Ce sont des injonctions. Concrètement, on fait comment ? J’invite le Sénat, en deuxième lecture, à s’emparer du sujet", explique-t-il, demandant des moyens pour lutter contre le harcèlement scolaire: "J’ai réécrit à Brigitte Macron, que j’ai rencontrée il y a près d’un mois, pour demander une collecte auprès de la fondation des hôpitaux, les Pièces jaunes, pour qu’on puisse déployer au moins 15 Maisons de Marion et créer 70 emplois. Il y a 12 millions d’élèves. Pour y arriver, chaque année, il nous faut 4 millions d’euros. C’est 30 centimes par élève et par an".

LP