Boycott du chanteur franco-israélien Amir: "À l'inverse la gauche hurlerait au racisme", juge Charles Consigny

Plusieurs artistes qui devaient se produire aux Francofolies de Spa en Belgique ont décidé d'annuler leur prestation en raison de la présence du chanteur franco-israélien Amir, accusé par des militants propalestiniens de soutenir la politique de Benjamin Netanyahu.
Il s'agit de trois artistes féminines, la chanteuse franco-suisse Yoa et deux musiciennes du collectif belge de street art Who's That Girl, a indiqué à l'AFP la direction du festival.
Des appels au boycott d'Amir ont été largement relayés sur les réseaux sociaux ces derniers jours, notamment par les militants d'un mouvement propalestinien de Liège baptisé "Liège Occupation Free". Ce mouvement accuse le chanteur, qui doit se produire vendredi à Spa, d'être "un sergent chef de l'armée israélienne" et de soutenir le "génocide" dans le territoire palestinien de Gaza.
"Confusion"
Un boycott qui choque ce vendredi sur le plateau des Grandes Gueules: "Soutien total à Amir, c'est tout mélanger que de l'assimiler à sa double nationalité et sa religion d'en faire quelqu'un qui soutiendrait les exactions de l'armée israélienne," lance Charles Consigny.
"Imaginez l'inverse si des gens avaient annulé pour boycotter un artiste palestinien? Toute la gauche aurait hurlé au racisme", estime-t-il.
"Il y a une confusion qui est très mal venue, je pense que les artistes qui annulent leur venue se trompent de cible et d'ennemis", ajoute l'avocat.
"J'ai cherché, je n'ai rien trouvé contre les Palestiniens, ni de soutien de sa part à l'armée israélienne", note Joëlle Dago-Serry. "Il a fait un concert dans la colonie illégale d'Hébron et soutient les victimes du 7-Octobre, donc je pense que c'est juste de l'antisémitisme", ajoute l'auto-entrepreneure. "Je suis attérée".
Même son de cloche pour le cheminot Bruno Poncet: "10 ans après Charlie Hebdo on a toujours ce problème de liberté d'expression. Si il avait soutenu Tsahal et le bombardement d'une église jeudi j'aurai pu comprendre".
"Autant je suis pour que Rima Hassan (l'eurodéputée LFI d'origine palestinienne) ait le droit de parler, faire ce qu'elle veut et ne pas être arrêtée quand elle va au Moyen-Orient, autant je suis pour qu'Amir puisse chanter", ajoute le syndicaliste. "Ils pourraient faire un duo", ironise Olivier Truchot.
Les Francofolies "révoltés par la tragédie à Gaza"
Dans un communiqué, la direction des Francofolies a reconnu avoir reçu ces 15 derniers jours de nombreux appels à la déprogrammation d'Amir, tout en annonçant sa décision de le maintenir.
"Nous sommes révoltés par la tragédie en cours à Gaza" et "il est compréhensible que des citoyen-nes et des artistes nous interpellent sur les engagements d'un artiste à l'affiche", a fait valoir le festival.
Mais concernant Amir, "aucune prise de parole propagandiste n'a jamais été observée sur scène" et "nous ne sommes pas en mesure d'évaluer moralement sa trajectoire personnelle" autrement que par ses chansons traitant de "thèmes universels et consensuels tels que l'amour, la fête, la quête de soi et la résilience".