Cela serait curieux que Macron soutienne la corrida

- - AFP
Thierry Hély, président de la Fédération des luttes pour l’abolition de la corrida (FLAC).
"C’est déjà énorme qu’on puisse enfin en parler à ce niveau. Qu’un ministre d’Etat dise ça… Avant les élections législatives, il y a eu sept propositions de lois pour l’abolition de la corrida déposées à l’Assemblée nationale, aucune n’a été débattue. Même pas une question. Rien du tout. Monsieur Hulot est viscéralement contre la corrida, même si c’est formulé avec une certaine nuance.
On va pouvoir en parler avec des spécialistes, des gens qui s’y connaissent. Il ne suffit pas d’être outré par le côté barbare de la corrida, il faut aussi argumenter pour la dénoncer. Il faut débattre de ce sujet qui est passionnel. Le schéma consistant à torturer une bête innocente dans des arènes fait encore débat, alors que ça ne devrait pas.
"La corrida est en perte de vitesse dans le monde entier"
Dans un premier temps ce serait bien par exemple d’être reçu par Nicolas Hulot. Pour pouvoir parler de tout ça de vive voix avec ses collaborateurs. Avec des arguments, des preuves, des documents prouvant que tout ce qu’on dit souvent sur la corrida est fallacieux et incomplet. Les partisans de la corrida, pour cacher sa cruauté, s’inventent plein de choses pour la rendre acceptable.
La corrida est en perte de vitesse dans le monde entier. Aussi bien en Amérique Latine qu’en Espagne. Et en France aussi. Il serait curieux que l’esprit Macron, avec sa jeune équipe d’avant-garde, puisse soutenir une pratique aussi désuète et ringarde. La question qu’on se pose c’est est-ce qu’Emmanuel Macron a déjà assisté à une corrida? On se le demande. Sachant qu’il est très admirateur de Simone Veil et de Michel Rocard, il doit savoir qu’ils étaient tous les deux viscéralement anti-corrida.
"Nicolas Hulot ne pouvait pas dire qu’il voulait interdire"
Le président de la République a déjà dit qu’il n’aimait pas ça à proprement mais qu’il était contre l’interdiction de la corrida parce qu’elle est ancrée dans les régions où elle est répandue. Encore une preuve de sa méconnaissance: Selon les derniers sondages la corrida est rejetée par 73% des habitants des régions taurines (IFOP/Alliance anticorrida 2016). Même dans ces régions, les gens s’opposent à la corrida! C’est important et il ne le sait pas. Et il ne faut pas oublier non plus qu’Emmanuel Macron a fait appel à Marie Sara pour les législatives.
Nicolas Hulot est dans une situation peu confortable, coincée entre les lobbies pro-corrida. Pour lui c’est difficile d’être complètement franc par rapport à ça. Il doit faire œuvre de diplomatie et de nuance. Mais accepter de ne pas esquiver le débat c’est déjà très important. François Hollande en 2012 avait aussi promis qu’il ouvrirait le débat. Il ne l’a pas fait. Nicolas Hulot ne pouvait pas dire qu’il voulait interdire".