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Festival de Cannes: Robert De Niro appelle à "défendre la démocratie" face à un "Trump inculte"

L'acteur américain Robert De Niro (à droite) reçoit la Palme d'or d'honneur des mains de l'acteur américain Leonardo DiCaprio lors de la cérémonie d'ouverture de la 78e édition du Festival de Cannes, le 13 mai 2025.

L'acteur américain Robert De Niro (à droite) reçoit la Palme d'or d'honneur des mains de l'acteur américain Leonardo DiCaprio lors de la cérémonie d'ouverture de la 78e édition du Festival de Cannes, le 13 mai 2025. - Valery HACHE / AFP

Robert De Niro a appelé à "défendre la démocratie" face à un président américain Donald Trump "inculte", en recevant une Palme d'or d'honneur pour son immense carrière d'acteur lors de la cérémonie d'ouverture du Festival de Cannes mardi.

"Défendre la démocratie" face à un Donald Trump "inculte": la star américaine Robert De Niro a livré un réquisitoire implacable contre le président des Etats-Unis lors de la cérémonie d'ouverture du 78e Festival de Cannes mardi, marquée aussi par l'ombre de la guerre à Gaza. Aux États-Unis, "nous luttons d'arrache-pied pour défendre la démocratie que nous considérions toujours comme acquise", a lancé l'acteur de 81 ans, avant d'ajouter que les artistes sont "une menace pour les autocrates et les fascistes de ce monde".

"L'art est inclusif, il réunit les gens, comme ce soir, l'art est en quête de liberté, l'art inclut la diversité et c'est pourquoi l'art est menacé ! C'est pourquoi nous sommes une menace pour les autocrates et les fascistes de ce monde", a-t-il ajouté.

"Le président inculte américain (...) a tout simplement coupé les fonds pour les sciences humaines, pour la formation supérieure, et il annonce maintenant 100% de droits de douane sur les films produits à l'extérieur des Etats-Unis", a dénoncé l'acteur de "Mean Streets" ou "Taxi Driver". "C'est inacceptable (...) et ce n'est pas simplement un problème américain, c'est un problème de portée globale".

"Contrairement à un film, nous ne pouvons pas nous détendre et nous asseoir. Nous devons agir aujourd'hui, tout de suite, sans violence mais avec passion, avec détermination ! Le temps est venu, tout un chacun qui aime la liberté doit organiser, protester et le moment est venu aussi de voter, lorsqu'il y a des élections", a-t-il poursuivi.

"Ce soir, et dans les 11 jours (de festival) à venir, nous allons montrer notre engagement en rendant hommage aux , (à) la liberté, l'égalité, la fraternité", a-t-il conclu, prononçant ces trois derniers mots en français, avant d'être salué par une salve d'applaudissements de la part de la salle.

Juliette Binoche rend hommage à la reporter palestinienne Fatima Hassouna tuée à Gaza

La présidente du jury Juliette Binoche a elle dénoncé "les démons de nos barbaries (qui) ne nous laissent aucun répit", mentionnant les "otages du 7 octobre et tous les otages, les prisonniers, les noyés qui endurent la terreur et meurent dans un terrible sentiment d'abandon"... mais surtout la photojournaliste palestinienne Fatima Hassouna, tuée par un missile israélien à Gaza mi-avril.

"La veille de sa mort, elle avait appris que le film dans lequel elle figurait était sélectionné ici, au Festival de Cannes. Fatma aurait dû être parmi nous ce soir. L'art reste. Il est le témoignage puissant de nos vies, de nos rêves", a déclaré l'actrice française, vêtue d'un haut blanc coiffant sa chevelure et finissant en traîne.

Avant que le réalisateur américain Quentin Tarantino ne déclare, en hurlant, le 78e Festival de Cannes "officiellement ouverrrrrrrt!" devant le gratin du cinéma mondial, son compatriote Robert De Niro s'est vu remettre une Palme d'or d'honneur par Leonardo DiCaprio, qui a plusieurs fois partagé l'affiche avec la légende du 7e art.

Plus tôt déjà, l'acteur américain Jeremy Strong, membre du jury, avait fait du mentor de Donald Trump, l'avocat Roy Cohn qu'il incarnait dans le film "The Apprentice" en 2024, "le géniteur des fake news et des faits alternatifs". "Le rôle des films est de plus en plus crucial pour combattre ces forces", avait ajouté la star de la série "Succession" lors d'une conférence de presse.

"Partir un jour"

La cérémonie d'ouverture a également été marquée par l'hommage rendu, en chanson, par la chanteuse française Mylène Farmer au cinéaste américain David Lynch, disparu en janvier.

Pour assister à cet événement, lors duquel était aussi projeté le film "Partir un jour", comédie musicale française avec la chanteuse Juliette Armanet, une myriade de stars a monté les marches du Palais des Festivals. Parmi elles, l'actrice américaine Eva Longoria ou les Françaises Géraldine Nakache et Aïssa Maïga.

Une autre Américaine, Halle Berry, membre du jury, avait opté pour une longue robe noire et blanche rayée, après avoir indiqué avoir renoncé à la tenue qu'elle prévoyait de porter car sa traîne était "trop longue" pour les nouvelles règles vestimentaires édictées cette année par festival.

À l'instar de la mannequin allemande Heidi Klum, de nombreuses festivalières en avaient toutefois fait fi. Et les robes très longues et volumineuses, souvent extravagantes, étaient de sortie pour cette première montée des marches, scrutée par des centaines de badauds juchés sur des escabeaux, en quête d'autographes ou de selfies avec leurs idoles.

"Désacralisé"

Avant même la journée d'ouverture, l'écho du monde s'était invité sur la Croisette lundi soir avec la publication dans le journal français Libération d'une tribune signée par près de 400 stars du cinéma appelant à briser "le silence" du monde de la culture sur la guerre à Gaza.

"Nous artistes et acteur.ice.s de la culture, nous ne pouvons rester silencieux.se.s tandis qu'un génocide est en cours à Gaza", écrivent les signataires dont le réalisateur espagnol Pedro Almodovar ou les acteurs américains Susan Sarandon et Richard Gere.

Le chaos mondial a également résonné mardi avec la projection de trois documentaires sur l'Ukraine, dont "Notre Guerre" de l'intellectuel français Bernard-Henri Lévy.

Hasard du calendrier, l'ouverture du plus grand festival de cinéma du monde coïncidait avec une étape majeure du mouvement MeToo en France: la condamnation de l'ancienne star Gérard Depardieu à 18 mois de prison avec sursis pour des agressions sexuelles lors d'un tournage.

"Quand on est désacralisé comme il l'est en ce moment, ça veut dire que ça fait réfléchir sur le pouvoir de certaines personnes qui prennent le pouvoir. Et je pense que le pouvoir est ailleurs", a commenté Juliette Binoche, lors d'une conférence de presse, récusant l'étiquette de "monstre sacré" souvent accolée à l'acteur.

"Une star de cinéma, c'est un homme", a ajouté la comédienne, estimant que le sacré "ne nous appartient pas". La Française et les huit autres membres du jury devront notamment attribuer, le 24 mai, la Palme d'or à l'un des 22 films en compétition.

C.A avec AFP