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A 39 ans, il quitte la vie politique: "c'est devenu compliqué avec le populisme et l'anti-parlementarisme"

Vue de l'hémicycle de l'Assemblée nationale.

Vue de l'hémicycle de l'Assemblée nationale. - Bertrand Guay - AFP

L'Assemblée nationale finit ses travaux cette semaine avec la fin de la législature. Une dizaine de députés en profitent pour faire leurs adieux au Palais-Bourbon, en renonçant à se représenter aux prochaines législatives en juin prochain. Parmi eux, le socialiste Sébastien Pietrasanta, âgé de seulement 39 ans. Un choix étonnant quand d'autres s'accrochent à leur siège. Pour RMC.fr, il explique les raisons de ce retour à la vie civile.

Sébastien Pietransanta est député PS des Hauts-de-Seine. Ancien maire d'Asnières-sur-Seine de 2008 à 2014. Il a décidé de quitter son siège de député et la politique au terme de son mandat qui s'achève cette semaine avec la fin de la législature. Fort de son expérience de rapporteur du projet de loi de lutte contre le terrorisme suite aux attentats de janvier 2015, cet ancien prof d'histoire va maintenant s'orienter vers une activité de conseil sur les questions de terrorisme.

"C'est une réflexion qui a été mûrie. Je l'ai décidée d'abord pour des raisons personnelles: je considère qu'il y a une vie en dehors de la politique, et j'ai aussi envie d'en profiter. Cette vie en dehors de la politique peut être palpitante. J'ai 40 ans, c'est vrai que c'est très jeune pour un député, mais ça fait plus de 20 ans que je fais de la politique. Je suis élu depuis 2001, j'ai été maire à 30 ans, puis j'ai été un des plus jeunes députés. J'ai une expérience derrière moi. J'ai commencé jeune en politique et je finirai jeune pour pouvoir faire autre chose.

"La place n'est pas si bonne que ça"

Mais si j'arrête, c'est aussi pour des raisons politiques: il y a le climat actuel qui est pesant, et surtout, le rapport aux électeurs devient de plus en plus complexe avec la montée du populisme et de l'anti-parlementarisme, exacerbé par l'affaire Fillon. On entend: 'vous êtes tous pourris'. On dénonce à la fois les élus corrompus mais on va réélire Patrick Balkany dès le premier tour. On voit des personnes inéligibles qui sont à nouveaux élus… Et puis on est dans une montée de l'individualisme, du chacun pour soi. Tout ça a pesé dans ma décision. J'avais envie de prendre de la hauteur.

On entend: 'la place est bonne'. Ça m'agace, car la place n'est pas si bonne que ça. C'est un gros travail et ça demande un gros investissement. La politique c'est noble, ce n'est pas parce qu'il y a quelques brebis galeuses que ça doit gâcher le travail qui est fait. C'est un véritable investissement au service des autres. Il n'y a pas de parachute doré pour les députés, je ne vais pas pantoufler dans une grande entreprise.

"Le sentiment d'avoir été utile"

Je pars avec le sentiment d'avoir été utile pendant toutes ces années. Il y a eu des réussites personnelles. J'ai beaucoup travaillé sur les questions de terrorisme pendant ces cinq ans à l'Assemblée, notamment via mes responsabilités au sein de la commission parlementaire sur les attentats de Paris. Et de manière collective, il y a quelques grandes satisfactions, surtout l'adoption de la loi sur le mariage pour tous, qui aura marqué l'histoire.

Et il y aura eu des moments très émouvants: la Marseillaise chantée par tout l'hémicycle, gauche et droite à l'unisson, après les attentats de janvier 2015. Mais je n'oublie pas non plus qu'il y a eu des moments plus compliqués durant le quinquennat. Voilà, maintenant, j'ai envie de laisser la place à d'autres. Ce soir (mardi) je vais prendre la parole pour la dernière fois en commission des lois. Il y a 15 jours, j'ai pris la parole pour la dernière fois dans l'hémicycle, et il y avait de l'émotion, bien sûr".

Propos recueillis par Philippe Gril