Agression sexuelle: relaxe pour une ex-responsable d'une association féministe

La productrice a été relaxée (image d'illustration) - Damien Meyer-AFP
La productrice de films Juliette Favreul, une ancienne responsable du collectif féministe 50/50 pour la parité au cinéma, a été relaxée ce mardi par le tribunal judiciaire de Paris des accusations d'agression sexuelle portées à son encontre par l'actrice Nadège Beausson-Diagne. Elles n'étaient présentes à cette audience.
Le procès s'était déroulé en mars, soit un an après les faits. Une peine de huit mois de prison avait été requise par le parquet, ainsi qu'une obligation de soins et une interdiction de contacter la plaignante.
Selon Nadège Beausson-Diagne, lors d'une soirée organisée dans l'appartement d'un membre de l'association, la productrice a passé sa main sur sa cuisse "jusqu'à toucher son sexe" à travers son collant, alors qu'elle était en état d'ivresse manifeste.
Garde à vue pendant près de 48h
Le 12 mars 2022, soit le lendemain de la soirée, la comédienne, âgée aujourd'hui de 50 ans - instigatrice notamment du mouvement #MeToo en Afrique - avait porté plainte contre la productrice, de deux ans son aînée.
À la suite de cette plainte, la productrice avait été placée en garde à vue pendant près de 48 heures. Le tribunal a d'ailleurs contesté la légalité de cette garde à vue.
Si aucun témoin direct ne corroborait la version des faits de Nadège Beausson-Diagne, des personnes qui participaient à la soirée avaient affirmé avoir vu la comédienne "en état de sidération".
De son côté, la productrice avait reconnu, lors de l'audience, avoir passé la main dans les cheveux afros de l'actrice. "Je ne savais pas que c'était un geste post-colonial et offensant. J'ai toujours été complexée par mes cheveux... Je lui ai mis la main dans les cheveux... et c'est tout", avait-elle dit, en sanglots, à la barre.
"Une enquête bâclée, déloyale, inéquitable"
"Ça a gâché ma vie. Je ne lui ai rien fait, à part mettre ma main dans ses cheveux", avait-elle insisté.
Ses avocates, Mes Céline Lasek et Fanny Colin, avaient dénoncé une "enquête bâclée, déloyale, déséquilibrée et inéquitable, menée uniquement à charge" et demandé "l'annulation intégrale" de la procédure.
Cette affaire avait provoqué l'explosion de l'association féministe Collectif 50/50 qui s'était fait connaître lors de l'édition 2018 du festival de Cannes en rassemblant 82 femmes sur les marches, pour dénoncer "le plafond de verre" dans le monde du cinéma.
Quatre-vingt-deux représentait alors le nombre de réalisatrices retenues en compétition pour la Palme d'or depuis la première édition en 1946, contre 1.688 hommes.