"Des alertes avaient été données": des professionnels du bâtiment jugés après l'effondrement d'un balcon qui avait fait 4 morts

Comment la construction d'un bâtiment dans les années 1990 a provoqué la mort de 4 jeunes en 2016, après l'effondrement d'un balcon du 3e étage, à plus de 8 mètres de haut, d'un immeuble d'Angers (Maine-et-Loire)? C'est ce que devront expliquer devant le tribunal correctionnel de la ville, cinq ans après, cinq responsables de la construction, maçons, architectes et contrôleurs techniques.
Malfaçons, béton de mauvaise qualité... Ils doivent expliquer comment a été géré le chantier de l'immeuble au milieu des années 1990, chantier manifestement truffé de négligences dans le but de gagner 14 semaines de délais dans les travaux.
Guillaume et Pascale Chéné, qui ont perdu leur fille de 18 ans, attendent des réponses. "Nous, ce n’est pas 14 semaines de délais qu’on a évité, on a perdu notre fille, notre fils a été blessé et notre vie totalement perturbée", assure Pascale Chéné, alors que 14 autres jeunes qui fêtaient ce soir-là, dans le calme, une pendaison de crémaillère, avaient aussi été blessés dans l'effondrement du balcon.
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"Cet accident aurait pu être évité si les alertes avaient été entendues"
"Nous voulons que ces gens-là qui continuent à travailler, ne puissent plus travailler dans ces conditions-là et soient punis à la hauteur de leurs erreurs", plaide Guillaume Chéné.
Parmi les prévenus, poursuivis pour "homicides et blessures involontaires" et qui encourent 3 ans de prison et 45.000 euros d’amende, il y a Frédéric Rolland, un architecte très en vue sur la place d'Angers. Pour son avocat, maître Patrick Descamps, il n'est pas responsable de la tragédie: "Cet accident s’est produit 18 ans après la construction. Des alertes avaient été données sur l’état des balcons. Cet accident aurait pu être évité si ces alertes avaient été entendues", plaide l'avocat.
Le procès doit se tenir jusqu'au 4 mars. Et le résultat de ce procès sera forcément surveillé de très près par le secteur de la construction, qui pourrait alors voir émerger de nouvelles normes. Car les rapports d’experts sont accablants pour les accusés.
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