RMC
Police-Justice

"En plastique, mais aussi létales": à Marseille, les armes fabriquées par des imprimantes 3D inquiètent

placeholder video
Un grand coup de filet a été mené dans un réseau de trafiquants d'armes fabriquées par des imprimantes 3D. Au total, 14 personnes ont été interpellées en France et en Belgique. Un phénomène nouveau, venu des Etats-Unis, qui inquiète, car il rend plus compliquée la traçabilité des armes.

Quatorze personnes ont été interpellées en France et en Belgique, soupçonnées de faire partie d'un trafic d'armes fabriquées par des imprimantes 3D. Au total, 24 armes conventionnelles, huit imprimantes 3D et sept armes 3D complètes ont été saisies, parmi lesquelles des fusils-mitrailleurs FGC-9. Une arme de ce type avait été retrouvée en juin dernier à Marseille après une tentative d’assassinat.

Six personnes ont donc été placées en détention provisoire, cinq autres sont sous contrôle judiciaire, dont une maintenue à domicile sous bracelet électronique.

Ce coup de filet a été annoncé ce lundi par le procureur de Marseille, qui met en lumière un inquiétant phénomène venu des États Unis, dix ans plus tôt.

"Les colis étaient livrés par Vinted. Les gens se retrouvaient sur une boucle Télégram et puis se distribuaient ces armes qui, même si elles sont en plastiques, sont aussi létales que les armes conventionnelles", explique Nicolas Bessone, procureur de la République de Marseille, dans Apolline Matin ce mardi sur RMC et RMC Story.

Le parti-pris : Armes imprimées en 3D, la nouvelle menace ? - 06/02
Le parti-pris : Armes imprimées en 3D, la nouvelle menace ? - 06/02
5:52

Pourtant, avec leurs pièces en plastique, ces armes ressembleraient presque à des jouets. Elles sont proches à 95% des originales, avec un coût de fabrication très faible.

"Ce à quoi nous assistons, c’est véritablement l’ubérisation du trafic d’armes. Il prend une ampleur importante parce que la qualité des armes est quand même bonne pour un faible coût. Une imprimante qui coûte 150 euros, des fils de polymères de quelques dizaines d’euros et puis une recette de fabrication sur des fichiers spécifiques aux imprimantes", détaille le colonel Hervé Petry, chef de l'unité nationale cyber de la Gendarmerie nationale.

Difficile de remonter les filières

Avec ces arrestations, on découvre que le marché des armes a évolué. "La délinquance s'adapte aux techniques modernes de communication avec une idéologie derrière qui n'empêche pas le mercantilisme. Au départ, ce type de construction d'armes est parti des Etats-Unis dans une logique libertarienne pour la légalisation des armes. Mais en réalité, on se rend compte que c'est un véritable commerce. Et derrière, les personnes qui sont clients peuvent être les narcotrafiquants", ajoute le procureur de Marseille sur RMC.

Un phénomène nouveau qui inquiète et qui risque de rendre la tâche des policiers plus difficile pour remonter les filières.

"Pour fabriquer cette arme, il faut acheter des composants et des pièces. Les pièces qui sont achetées, sont elles identifiables. Mais l’arme en tant que telle n’est pas traçable. Alors que les armes plus classiques, les enquêteurs arrivent mieux à remonter jusqu’au vendeur et évidemment aux utilisateurs”, pointe Eric Henry, délégué national du syndicat Alliance Police nationale.

En France, la fabrication, la vente ou la simple possession de ce type d'armes est punie de cinq ans d'emprisonnement et de 75.000 euros d’amende.

Estelle Henry avec Guillaume Descours