"Elle nous promène": pour le père d'Estelle Mouzin, Monique Olivier doit être jugée
Une enquête close et des questions toujours sans réponses, 20 ans après sa disparition. Le 9 janvier 2003, Estelle Mouzin, 9 ans, disparaît à Guermantes (Seine-et-Marne), en rentrant de l'école. Le portrait d'Estelle est placardé dans toute la France. Le secteur est ratissé, les 400 foyers du village fouillés, les habitants interrogés... Certains sont placés en garde à vue puis libérés. Puis aucune réponse.
Dès juillet 2003, les enquêteurs disent étudier le dossier du pédo-criminel Michel Fourniret, qui vient d'être arrêté en Belgique après la tentative d'enlèvement d'une fillette. Mais ce n'est "qu'une piste parmi d'autres". Finalement, en 2006, toujours rien n'accroche cette piste à la disparition de la fillette.
En 2007, Michel Fourniret demande dans une lettre au président de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Reims à être entendu sur le dossier d'Estelle Mouzin, disant devoir "des explications" aux familles. La demande est rejetée par la justice. Le 16 janvier 2018, le père d'Estelle attaque l'Etat pour "faute lourde", notamment en raison de sa "mauvaise gestion" du dossier et de la piste Fourniret pas "sérieusement explorée".
Eric Mouzin: "Le seul élément manquant est le corps d'Estelle, mais pour moi l'instruction est effectivement terminée"
Le 27 novembre 2019, le tueur en série est mis en examen dans cette affaire, car il a finalement vu son alibi contredit par Monique Olivier. Début mars 2020, Michel Fourniret avoue à la juge Sabine Kheris sa responsabilité dans l'affaire. "Je reconnais là un être qui n'est plus là par ma faute", déclare-t-il, estimant "pertinent" que le corps puisse être dans l'une de ses anciennes propriétés des Ardennes. Des fouilles sont menées, sans résultat.
Le 21 août 2019, Monique Olivier est mise en examen pour complicité après avoir déclaré à la justice que son ex-mari avait séquestré, violé et tué la petite fille dans la maison de la sœur défunte de Fourniret, à Ville-sur-Lume (Ardennes). Le même jour, on apprend que l'ADN partiel d'Estelle Mouzin a été retrouvé sur un matelas saisi en 2003 dans cette maison.
Mais depuis juin 2020, dix campagnes infructueuses de fouilles ont été organisées dans les Ardennes pour tenter de retrouver le corps de la fillette.
Eric Mouzin: "La perversion continue jusqu'au bout"
L'enquête a donc été clôturée début février 2023, et le père d'Estelle Mouzin ne semble pas en attendre plus. "Toutes les instructions possibles et tous les moyens ont été engagés pour clôturer le dossier. Le suspect est passé aux aveux. La démonstration de l'implication de ces deux personnes ne pose pas de problème. Le seul élément manquant est le corps d'Estelle, mais pour moi l'instruction est effectivement terminée", assure-t-il dans "Apolline Matin" ce mardi sur RMC et RMC Story.
Cela ouvre la voie au procès de l'ex-épouse de Michel Fourniret, Monique Olivier, mise en examen pour complicité notamment dans l'enlèvement d'Estelle Mouzin en 2003.
"La justice doit passer. Maintenant que nous avons une personne accusée, elle doit être jugée. L'acteur principal du crime est mort mais ça reste sa complice", juge Eric Mouzin sur RMC, qui ne sait pas trop encore s'il a envie de lui être confrontée pour trouver des réponses.
"De ce que j'ai compris, c'est difficile de lui parler. Elle nous promène depuis 2019, elle ne donne jamais de réponses claires et s'abrite derrière une mémoire défaillante alors qu'il semblerait qu'elle n'ait absolument pas de problèmes de mémoire. La perversion continue jusqu'au bout", conclut-il.