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"L'impression d'être une proie": un maire agressé par des gens du voyage en Charente-Maritime

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En l'espace d'une semaine, en Charente-Maritime et dans le Val-d'Oise, deux maires ont été agressés par des personnes issues de la communauté des gens du voyage. Le maire de L'Houmeau, Jean-Luc Algay, a témoigné de son agression sur RMC ce mardi.

Une nouvelle agression d'un maire s'est déroulée samedi 19 août dernier, dans la commune de L'Houmeau, une bourgade de 3.000 habitants en Charente-Maritime.

Le maire, Jean-Luc Algay, a tenté d'empêcher l’installation de plusieurs caravanes, détenues par des gens du voyage, sur le stade municipal de L'Houmeau. Invité à livrer son témoignage sur RMC et RMC Story dans l'émission Apolline Matin, Jean-Luc Algay explique avoir été "appelé" par son adjointe samedi 19 août, alors que 13 caravanes voulaient entrer sur le stade.

"Ils ont sectionné des poteaux, donc je suis allé de suite sur les lieux pour regarder l'état des choses. Un monsieur est venu me voir et m'a dit :"on veut rentrer sur votre stade, il y aura bientôt 200 caravanes qui vont arriver"", raconte Jean-Luc Algay, maire de L'Houmeau.

"Un grand gaillard est passé derrière moi..."

Face à cette menace, et "alors qu'il y a une aire de grand passage à deux kilomètres", le maire ne plie pas et refuse de laisser entrer les caravanes sur la pelouse du stade municipal.

"On discutait, et comme d'habitude avec les gens du voyage des fois il y a des noms d'oiseaux qui fusent. Et là, un grand gaillard est passé derrière moi, s'est jeté sur moi, m'a enserré avec ses bras au niveau du visage à tel point que je n'arrivais pas à respirer", continue de relater le maire de L'Houmeau.

Le maire raconte s'être ensuite débattu alors qu'il était "traîné sur plusieurs mètres", puis l'homme l'a "jeté" pour faire tomber Jean-Luc Algay "sur une voiture", ce qui lui a coupé la respiration.

"C'était extrêmement choquant. J'étais à terre, et j'avais deux personnes des gens du voyage qui me filmaient. Je les entendais dire : "il y a un maire à terre" pendant qu'ils me touchaient avec les pieds, j'avais l'impression d'être une proie (...).", se remémore Jean-Luc Algay.

L'enquête avance significativement

Plusieurs minutes après, alors que le maire récupérait sa respiration et tremblait encore du choc de l'agression, Jean-Luc Algay pense "qu'ils se sont aperçus qu'ils avaient fait une grosse bêtise", ce qui a ensuite mené à un départ "en trombe" des caravanes, toujours selon l'édile.

Témoin RMC : Jean-Luc Algay - 22/08
Témoin RMC : Jean-Luc Algay - 22/08
6:06

Jean-Luc Algay s’est vu prescrire une interruption temporaire de travail de douze jours, notamment en raison d’une côte fissurée et d’un important choc psychologique.

Il a déposé plainte à la gendarmerie, et une enquête en flagrance a été ouverte pour retrouver l'agresseur.

"Nous recherchons un agresseur, qui a frappé au ventre et a fait chuter le maire. Son identification est en cours", a déclaré la substitut du procureur de La Rochelle, Soraya Ahras.

Selon le maire d'ailleurs, l'enquête semble avancer positivement puisque certaines personnes lors de l'agression auraient pu être identifiées grâce, notamment, à des riverains qui ont observé et filmé la scène.

Une agression quasi similaire à Sagy

D'après Jean-Luc Algay, l'installation des gens du voyage sur cet endroit particulier était "complètement illégale". Le stade municipal est en effet prévu pour des activités sportives, et, de plus, "la communauté d'agglomération avait mis à disposition des aires de grand passage provisoires pour cette année en face de l'Île de Ré". Toutefois selon l'édile, "ils n'ont pas voulu y aller parce que c'est la prairie alors que le stade c'est de la pelouse".

Si elle est malheureusement exceptionnelle, l'agression du maire de la commune de L'Houmeau s'inscrit dans la lignée de différents récits de violences subies par les élus ces derniers mois. En juillet dernier, le domicile du maire de L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) avait été la cible d'une voiture bélier en pleine nuit, dans un contexte de violences urbaines provoquées par la mort du jeune Nahel à Nanterre.

Mais plus récemment, à Sagy dans le Val-d'Oise, un autre maire dit avoir été agressé lui aussi par des personnes issues de la communauté des gens du voyage. Le mercredi 16 août au soir, selon Le Parisien, Guy Paris a en effet été la cible d'une agression… après avoir tenté d'interrompre l'installation illégale de caravanes sur un champ de sa commune.

Alors que des négociations s'étaient engagées pacifiquement entre les gens du voyage et l'équipe municipale, un homme lassé par la situation "s'est approché, a mis l'une de ses grandes mains" autour du cou du maire "et a serré fortement".

Le groupe de personnes issues des gens du voyage a repris la route le lendemain de l'agression. De son côté, le maire a porté plainte après cette agression.

Alexis Lalemant avec Pierre Bourgès