"La porte ouverte aux dérives": un octogénaire en détention après avoir tué sa femme atteinte d'un cancer

Un homme de 87 ans et habitant Nice a été mis en examen et incarcéré pour "homicide volontaire aggrévé" après avoir étranglé sa femme pour "abréger ses souffrances". C'est l'octogénaire lui-même qui a prévenu la police dans la nuit de jeudi à vendredi, reconnaissant avoir étranglé sa femme âgée de 88 ans à l'aide d'un câble électrique, à l'intérieur même de l'appartement, à Nice.
Selon lui, la victime était atteinte d'un cancer en phase terminale. Des expertises psychologiques doivent être menées dans le cadre de l'enquête afin de déterminer si l'état de santé de l'octogénaire est compatible avec la détention.
De la nécessité d'un procès
Pour l'avocate Sarah Saldmann, le placement en détention provisoire est injustifié, mais la justice ne peut se montrer clémente avec le suspect: "On a ôté la vie à quelqu'un pour abréger ses souffrances, mais on ne saura jamais réellement si elle l'avait demandé", explique-t-elle dans "Les Grandes Gueules" sur RMC et RMC Story.
"Qui est-il pour savoir si une vie vaut mieux qu'une autre et qui est-il pour abréger des souffrances? On ne saura jamais réellement ce que madame a voulu. Il faut le condamner, sinon c'est la porte ouverte à toutes les dérives", ajoute l'avocate.
Le débat sur la fin de vie relancé
Le drame relance également le débat sur la fin de vie alors que dans le voisinage, on évoque auprès de BFMTV un couple fusionnel et un homme qui n'aurait pas supporté de voir souffrir sa femme. "Cela pose le fait qu'en France, on a un véritable problème avec la fin de vie et le désir d'en finir", note Etienne Liebig dans "Les Grandes Gueules".
"Décider de mourir, c'est peut-être notre principale liberté. Quand on l'a, c'est extraordinairement rassurant. Et la France est totalement à côté de la plaque sur cette question là", ajoute-t-il.
Si la Belgique et la Suisse ont mis en place une aide active à mourir, la France est à la traîne sur le sujet. Mais la situation pourrait évoluer. Le projet de loi sur la fin de vie, promesse d'Emmanuel Macron, devrait être débattu au Parlement à partir de 2024. Ce projet de loi pourrait permettre la création d'une aide active à mourir.