Nîmes: la question de la responsabilité des consommateurs de drogue refait surface

Attendu à Nîmes vendredi, Gérald Darmanin a d'ores et déjà annoncé l'arrivée prochaine du RAID sur place ainsi qu'une présence policière nuit et jour dans le quartier sensible de Pissevin, touché par de récentes fusillades ayant provoqué la mort de deux personnes, dont un enfant de 10 ans en début de semaine.
Si le ministre a donc annoncé une présence policière de nouveau accrue dans le quartier Pissevin, Gérald Darmanin a aussi pointé du doigt les consommateurs de stupéfiants, "responsables de la situation" selon lui. Dans les environs du quartier, la supposée responsabilité des clients consommateurs de drogues alimente les débats.
"Ce n'est pas moi qui prend les armes"
Sandro, la sacoche embaumée de l'odeur émanant de ses sachets de cannabis, fait partie de ces clients. Lucide, il admet que ses achats nourrissent le marché noir.
"C’est clair qu’on participe à un truc qui ne tourne pas rond, ça il ne faut pas le nier", débute Sandro. Pour autant selon lui, les nombreux morts par balle ne sont pas du fait du consommateur.
Dans les mots du ministre de l’Intérieur, le jeune homme voit plutôt une tentative de Gérald Darmanin de se dédouaner de l’échec des politiques publiques, et de l’action des forces de l’ordre.
"Je suis choqué. Ça va pas être sa faute à lui, ça va pas être sa faute à eux, ça va être du coup la faute des autres, des consommateurs. Mais ce n'est pas moi qui prend les armes, ce n'est pas moi qui fait ça", justifie Sandro, un consommateur de cannabis à Nîmes.
Là c’est des jeunes qui s’entretuent parce qu’il y a des grosses pointures qui gèrent ça dans les réseaux. C’est un peu trop facile", critique Sandro, un consommateur nîmois.
Pas de consommateur, pas de trafic?
Mais dans la cité Pissevin, le son de cloche est loin d’être le même. Nombreux sont les habitants à avoir un message à faire passer aux consommateurs.
"Ça pourrit votre vie et ça pourrit notre vie en même temps", lance Grace, une riveraine. Assise à l’ombre des quelques arbres du quartier, cette habitante ressasse les événements des jours passés. Pour elle, la logique est simple : pas de consommateur, pas de trafic.
"Il faut que ça s’arrête, et que les gens arrêtent d’acheter. C’est le consommateur de toute façon, si y'a pas de consommateur, y'a pas de problèmes. Mais il y en a de plus en plus, ça fait peur", s'inquiète Grace, habitante du quartier Pissevin.
Alors la mère de famille leur demande de ne plus venir. Il y a déjà eu trop de morts, ajoute-t-elle.