"On me propose 6.000 euros par mois": le témoignage d'une personne handicapée contactée par des dealers pour faire la "nourrice"

Le gouvernement a lancé l'opération "place nette", une opération nationale contre le trafic de drogue. Objectif, "pendant des semaines, pilonner le territoire", a promis le président de la République Emmanuel Macron. Et pour y parvenir, 4.000 policiers et gendarmes sont mobilisés dans la durée pour harceler les dealers sur les points de deal.
Pour tenter d'échapper aux forces de l'ordre et aux saisies, les dealers ont souvent recours à des "nourrices" des riverains inconnus des services de police et a priori sans histoires, utilisés pour garder de la drogue dans leur appartement. Frédéric, 60 ans, qui vit dans le Nord, assure avoir été approché par les dealers de son quartier pour devenir nourrice.
"Je n'habite pas dans une cité 'chaude', mais à côté. Les dealers cherchent une nourrice et ils sont venus me voir", raconte-t-il dans Apolline Matin ce mercredi sur RMC et RMC Story.
"C'est tentant"
"Le dealer est venu me voir, il m'a proposé de faire la nourrice de 10h à 14h. Et quand il passe récupérer la drogue à cette heure, il me donne entre 200 euros et 300 euros par jour", raconte-t-il.
Une proposition à laquelle il a répondu par la négative pour le moment, mais qui est tentante, reconnaît-il, alors qu'il est handicapé et assure ne toucher que 508 euros par mois
"Je suis tout seul, j'ai du mal à vivre, je n'ai rien à perdre. On me propose presque 6.000 euros par mois, un an de mes revenus, c'est tentant", concède Frédéric. "Ils continuent de me proposer parce qu'il y a eu pas mal d'arrestations, ils ne savent plus trop où aller. Je suis à l'écart de la cité, ce serait gagnant pour eux. Ils viendraient juste chercher une barrette et repartent faire leurs transactions."
"Je leur ai dit non, j'ai des enfants, des petits enfants mais c'est tentant c'est sûr. J'ai peur, j'ai toujours respecté la loi mais l'argent, c'est attirant", martèle Frédéric.
À la place de Frédéric, "j'appellerais les services de police", assure dans la foulée le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti sur RMC et BFMTV. "Nous voulons inciter les nourrices et les parents des enfants recrutés pour fait le guet, ceux qui entrent dans ce trafic, qui ne sont pas mouillés jusqu’au cou, à parler. Il faut aller contre l’omerta, on se tait parce qu’on a peur et qu’il y a des menaces", ajoute le garde des Sceaux. "Pour cela, il faut qu'ils soient protégés".
Les "nourrices" risquent gros. Selon l'article 222-37 du code pénal relatif au transport, à la détention et l'offre de stupéfiants, elles encourent jusqu'à dix ans de prison.