"Préserver les agents et créer un électrochoc": Nîmes ferme une médiathèque à cause de dealers

Une médiathèque fermée jusqu'à nouvel ordre à cause du trafic de drogue, à Nîmes (Gard), dans le quartier de Pissevin. La municipalité a pris cette "terrible décision" ce lundi. Le maire de la ville explique que "depuis plusieurs mois, les 18 agents du centre culturel sont victimes de menaces et d'agressions verbales".
Les dealers n'hésitent plus à contrôler et à palper les agents en pleine rue, avant qu'ils n'accèdent à leur travail. "Un nouveau palier a été franchi puisque les trafiquants ont pénétré dans le bâtiment, allant jusqu'à filmer et photographier le personnel, et accédant au toit pour surveiller les alentours et prévenir de l'arrivée des forces de police" s'indigne le maire.
Signe de la tension dans le quartier, un journaliste de M6 a été violemment frappé ce mardi. Le ministre de l'Intérieur a condamné "fermement" l'agression et annoncé l'envoi d'une "compagnie de CRS en renfort".
Cela fait déjà trois ans que des agents de la médiathèque signalent les intimidations et les menaces dont ils sont victimes.
“J’ai eu énormément d’alertes qui ont été écrites, mais qui n’ont pas entraîné de réponse. Ce droit de retrait, ils l’ont un peu utilisé comme la dernière façon pour s’exprimer”, explique Marie Colençon, déléguée du personnel (Sud) à la mairie de Nîmes.
"C'est la population du quartier qui souffre le plus"
Une insécurité grandissante et un service public clairement menacé. Seul un bureau de poste, des écoles et la médiathèque résistent jusqu’à présent. Alors forcément, Alain Longeas, président du comité de quartier de Pissevin, s'indigne de cette fermeture. “Ce n’est pas possible de fermer une médiathèque comme ça. Je pense qu’il y avait d’autres solutions. On aurait pu mettre la police municipale aux sorties et aux entrées des employés”, imagine-t-il.
Pour l'adjoint à la mairie de Nîmes, Pascal Gourdel, la fermeture de cette médiatèque était nécessaire.
"Le but, c’était de préserver les agents et surtout créer un électrochoc au niveau de l’Etat sur ce sujet qu’il connaît bien, parce qu’il n’y a pas que Nîmes, on parle de Valence, Grenoble, Marseille… Donc on voit bien que ces problèmes de deals sont en train de gangréner de nombreux territoires en France et créent de l’insécurité qui touche tout le monde et qui empêche les services publics d’exercer", indique-t-il ce mercredi matin dans "Apolline Matin" sur RMC.
Les trafiquants, eux, n’hésitent pas à contrôler les allées et venues des habitants. Janie, qui a enseigné pendant 20 ans au collège de Pissevin, a vu le visage du quartier changer au fil des années.
“Il y avait des violences, il y avait des deals, mais beaucoup moins. Là, le problème, c’est qu’on a l’impression qu’ils sont libres de faire ce qu’ils veulent. J’imagine les petits élèves de 10-11 ans qui passent au milieu et qui voient tout ça. Et ils souffrent, parce que ceux qui souffrent le plus, c’est la population du quartier, soit 12.000 habitants. Il n’y a même pas de commissariat, c’est la folie”, assure-t-elle.
Pour l’heure, la médiathèque restera fermée jusqu’à nouvel ordre par la mairie.