Rennes: l'enfant de 5 ans blessé toujours entre la vie et la mort, le père livre sa version des faits

Un garçon de cinq ans blessé à la tête par des tirs samedi soir près de Rennes lors d'une course-poursuite liée au trafic de drogue restait toujours lundi entre la vie et la mort, a annoncé le parquet, qui a ouvert une enquête pour tentative d'homicide.
Le père de l'enfant, qui habite Rennes, "alerté qu'un groupe d'hommes était à sa recherche, a souhaité le mettre à l'abri chez la mère de l'enfant, et s'y cacher également", indique dans un communiqué le procureur de la République de Rennes, Frédéric Teillet.
"Quittant son domicile, il s'est aperçu qu'un véhicule dont les occupants étaient cagoulés le suivait. Bien qu'il ait essayé de les semer, au moins l'un d'eux a ouvert le feu à plusieurs reprises sur son véhicule, touchant l'enfant à deux reprises à la tête" sur la commune de Pacé, au nord-ouest de Rennes, poursuit Frédéric Teillet.
"Opéré dimanche, puis de nouveau lundi matin, son état semble stabilisé mais le pronostic vital reste toujours engagé", souligne le procureur de Rennes.
Le père connu de la justice pour trafic de drogue
Le parquet avait précisé dimanche que le père et son fils venaient de quitter le quartier rennais de Maurepas, où avaient eu lieu plus tôt dans la matinée des tirs d'armes à feu en rafale et où avaient été vus "un groupe d'hommes cagoulés dont l'un était porteur d'une arme à feu de type fusil-mitrailleur". Le père, âgé de 29 ans selon une source policière, était connu de la justice pour trafic de drogue.
L'enquête a "permis d'établir des liens (...) avec le trafic de stupéfiants du quartier de Maurepas", ajoute Frédéric Teillet, qui a ouvert une enquête pour "tentative d'homicide en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de commettre un crime".
Les investigations sont confiées à la section de recherches et à la brigade de recherches de la gendarmerie ainsi qu'à la division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS) de la police de Rennes et l'antenne locale de l'OFAST, office spécialisé dans la lutte contre le trafic de stupéfiants. Ces services travaillent sous l'autorité de la JIRS (Juridiction inter-régionale spécialisée dans la criminalité organisée) de Rennes.
Déploiement de CRS
La CRS 82, spécialisée dans les violences urbaines, a été déployée dans la nuit de dimanche à lundi à la demande du ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, "pour protéger les habitants des narcoracailles qui contrôlent ce quartier", a-t-il déclaré sur X (ex-Twitter).
Le nouveau préfet de Bretagne, Amaury de Saint-Quentin, a précisé à des journalistes que ces éléments de la CRS 82 seraient encore sur place ce lundi soir et "pour les jours à venir". Le préfet a prévu de s'y rendre sur place lui-même dans la soirée, a annoncé la préfecture.
Lundi matin, le calme régnait dans les allées du quartier de Maurepas où quelques fourgons et voitures de la police nationale étaient visibles, ont constaté des journalistes. "Pendant un moment, le point de deal était juste devant l'entrée de l'immeuble", raconte une salariée travaillant à Maurepas. "Et puis on a installé une caméra de surveillance juste à cet endroit. Alors ils se sont juste déplacés là-bas, un peu plus loin", dit-elle.
La lutte contre le narcotrafic doit être "une grande priorité nationale", a déclaré lundi la maire socialiste de Rennes Nathalie Appéré, souhaitant "une lutte qui soit particulièrement organisée" avec notamment un "parquet national anti-stupéfiants".
"Au niveau national, nous sommes collectivement sous-outillés pour faire face à ce qu'est une criminalité organisée de plus en plus dangereuse", a-t-elle poursuivi, reprenant l'expression de "guerre" à mener contre le narcotrafic utilisée la veille par le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau.