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Faits divers

Trafic de drogue: l'ex-maire de Canteleu relaxée des accusations de complicité

L'ex-maire de Canteleu Mélanie Boulanger arrive au tribunal de Bobigny le 27 mai 2024

L'ex-maire de Canteleu Mélanie Boulanger arrive au tribunal de Bobigny le 27 mai 2024 - Thomas SAMSON © 2019 AFP

Mélanie Boulanger, l'ancienne maire de Canteleu (Seine-Maritime) a été relaxée des accusations de complicité de trafic de drogue.

Le tribunal correctionnel de Bobigny a relaxé jeudi Mélanie Boulanger, ex-maire de la petite ville de Canteleu (Seine-Maritime), des poursuites pour complicité de trafic de stupéfiants. Si le tribunal a noté un "affaiblissement des garde-fous déontologiques" de l'élue socialiste de 47 ans, qui entretenait une relation avec son adjoint proche des trafiquants, il a en revanche considéré qu'il n'y avait dans le dossier aucun "acte positif" susceptible de caractériser une complicité.

L'élue socialiste, qui a démissionné en février du mandat qu'elle détenait depuis 2014, clamait son innocence depuis sa garde à vue d'octobre 2021. Elle démentait tout acte ayant favorisé les affaires du clan Meziani, famille qui tient d'une main de fer le trafic de drogues de sa ville.

"J'ai tout perdu dans cette affaire. J'ai perdu 33 mois de ma vie, mon goût de me donner à la chose publique par un mandat", a réagit Mélanie Boulanger à la sortie du tribunal. "Mais j'ai retrouvé mon honneur et justice a été rendue", a ajouté l'ex-élue.

Un an de prison requis

Au nom d'une République "exemplaire" face à la pieuvre du narcotrafic dans cette "narco-ville", le parquet de Bobigny avait fin juin requis à son encontre un an de prison avec sursis, ainsi que cinq années d'inéligibilité et 10.000 euros d'amende.

Pour la procureure, la transmission aux trafiquants de certaines informations sensibles par la maire sous pression, ainsi que quelques-unes de ses interventions auprès de la police locale, signaient un "pacte de non-agression" avec les trafiquants.

Le tribunal a en revanche condamné à un an de prison avec sursis son adjoint et amant Hasbi Colak, qui avait notamment prêté sa voiture ayant servi à une transaction de cocaïne en Seine-Saint-Denis, pour "sanctionner les atteintes à la probité en tant qu'élu".

Lors d'un procès chaotique étalé de fin mai à fin juin, le tribunal de Bobigny a jugé 18 prévenus en lien avec un trafic "de très haute intensité" de cocaïne, d'héroïne et de cannabis basé à Canteleu, commune pauvre de l'agglomération de Rouen.

15 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2 ans

Selon une estimation conservatrice du tribunal, cette organisation criminelle a généré un chiffre d'affaires de 15 millions d'euros sur les deux années visées par l'enquête, entre 2019 et 2021.

"Le tribunal a constaté une présence quasi-dynastique sur Canteleu, renforcée par les liens d'amitiés et de mariages, donnant au groupe délinquant un aspect clanique particulièrement difficile à infiltrer", a déclaré son président, Jean-Baptiste Acchiardi.

À la tête de cette "entreprise délinquante générant des rentrées de capitaux exceptionnelles", Aziz Meziani dit "Le U", le chef de clan en fuite au Maroc, a été condamné en son absence à la peine maximale de 10 ans de prison, ainsi que deux millions d'euros d'amende.

Tous les autres prévenus du dossier ont été condamnés à des peines allant de deux ans avec sursis à huit ans de prison.

G.D. avec AFP