Trafic de drogue: quatre voitures de police incendiées devant le commissariat à Cavaillon

Quatre voitures de police ont été incendiées dans la nuit de mardi à mercredi devant le commissariat de Cavaillon, dans le Vaucluse, où une opération "place nette" anti drogue est en cours. Dans un communiqué, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau estime qu'il s'agit d'une "nouvelle illustration de la dérive à laquelle notre pays est confronté". Et il annonce l'envoi sur place de la CRS 81. Nicolas Daragon, ministre délégué à la Sécurité du quotidien, va se rendre à Cavaillon.
"Il y a quelques jours, une vaste opération antidrogue avait permis de démanteler un réseau de trafiquants et c’est cette opération qui semble être à l’origine des évènements de la nuit dernière, indique Bruno Retailleau. Je voudrais tout d’abord saluer le courage de nos forces de l’ordre confrontées à une violence devenue ordinaire. L’Etat ne se laissera pas intimider et nous allons intensifier notre lutte contre le narcobanditisme. Je placerai la lutte contre le crime organisé au centre de mes préoccupations parce qu’il constitue une attaque contre nos institutions."
Probables représailles
"Toute la police nationale est mobilisée, le ministère de l'Intérieur est mobilisé pour répondre à cette attaque. On va redoubler de présence sur la cité du Dr Ayme et sur toutes les cités de Cavaillon", a déclaré aux journalistes sur place le directeur interdépartemental de la police nationale, Emmanuel Desjars de Keranrouë.
Il a estimé que l'action relevait probablement de "représailles vis-à-vis de l'action de la police" contre le trafic de drogue dans cette ville d'un peu plus de 25.000 habitants. Dans le cadre de cette opération "place nette" ces dernières semaines, 25 personnes ont été mises en gardes à vue, "20.000 euros saisis, 15 kilos de cannabis, 6 kilos de cocaïne, une dizaine d'armes, armes longues, armes de poing également saisies", a-t-il déclaré.
"Ça s'est passé à 4h50 ce matin (...) ils (les trois policiers présents, ndlr) ont été terrorisés", a raconté de son côté l'adjoint départemental du syndicat de police Alliance, Grégory Lorient.
Pas de blessés
Grâce à l'intervention rapide des pompiers, il n'y a pas eu de dégâts à l'intérieur du commissariat et aucun blessé n'est à déplorer. Aucun des trois fonctionnaires présents n'a été blessé et "les cinq individus qui étaient en garde à vue dans les geôles du commissariat ont été transférés à l'hôtel de police d'Avignon", a indiqué la préfecture de Vaucluse dans un communiqué.
"Un commerce et un logement adjacents ont été touchés mais les habitants ont pu le réintégrer", selon la préfecture qui rappelle également "le contexte de pression renforcée sur le trafic de stupéfiants à Cavaillon" ces dernières semaines.
Les incidents survenus dans la nuit "renforcent la détermination des services de l'État à éradiquer le trafic de stupéfiants et à rendre aux habitants de Cavaillon la tranquillité publique à laquelle ils ont droit", a souligné le préfet Thierry Suquet, condamnant ces faits "avec la plus grande fermeté".
Les quatre véhicules, deux "sérigraphiés" police et un banalisé, sont encore stationnés devant le commissariat, dont la façade a été noircie par les flammes, ont constaté des journalistes de l'AFP sur place. Des membres de la police scientifique travaillent dans le périmètre de sécurité installé afin de recueillir les "traces et indices qui pourraient nous permettre de nous conduire à ceux qui ont fait ça", selon Emmanuel Desjars de Keranrouë.
L'enquête a été confiée à la division de la criminalité organisée et spécialisée d'Avignon du chef de "destruction, détérioration ou dégradation du bien par moyen dangereux pour les personnes, commise en raison de la qualité de la personne dépositaire de l'autorité publique", a déclaré la procureure d'Avignon, Florence Galtier. La peine encourue pour ces délits est de 20 ans d'emprisonnement et 150.000 euros d'amende, a-t-elle souligné.