Trois ans après la fusillade du lycée de Grasse, le traumatisme reste important chez les élèves et les professeurs
C'est le début d'un procès hors-norme qui s'ouvre ce lundi devant la cour d'assises des mineurs de Nice. Trois ans après la fusillade qui avait fait cinq blessés au lycée Tocqueville de Grasse, Killian, l’adolescent de 16 ans qui avait ouvert le feu devra répondre de ses actes. Grâce au comportement héroïque du proviseur, les tirs n’ont pas fait de mort, uniquement des blessés légers. Psychologiquement, c’est une autre histoire. Trois ans après certains élèves et professeurs restent traumatisés
Professeurs et élèves veulent oublier, mais les images ont tendance à revenir les hanter. Chaque nuit et chaque 16 mars pour certains. Avec tout d’abord, les premiers coups de feu tirés à 12h30. L’incompréhension à la vue de cet adolescent de 16 ans lourdement armé.
Les murs du lycée portent toujours les stigmates de la fusillade
L’instinct de survie qui les poussent à s’enfuir, se cacher ou se barricader dans le plus grand des silences jusqu’à l’arrivée des policiers où ils découvriront alors les traces de sang dans les différents couloirs. Des murs du lycée portent d’ailleurs encore les traces des impacts de balles.
Céline, professeur de littérature et l’une de ses collègues pensent à des pétards avant d’apercevoir Killian un fusil à la main: "Je n’ai pas réagi sur le moment. Ma collègue a dit 'il a un fusil, on s’en va'. On s’est cachés dans le CDI avec la documentaliste, ma collègue et une quinzaine d’élèves. On a essayé de barricader le mieux possible", explique-t-elle au micro de RMC.
"Je suis désormais très attentive à tous les bruits"
Trois ans après, certains ont toujours du mal à reprendre une scolarité, une vie normale. Avec des difficultés à sortir de chez eux, à être entouré de gens, à être en hyper-vigilance lorsqu’un bruit fort résonne. Difficile aussi pour certains professeurs de participer aux exercices de simulation d’attentats. Avec ce procès, ils veulent comprendre, confronter le regard du tireur et s’assurer qu’ils n’auront plus jamais à revivre une telle frayeur. C'est le cas de Céline qui va mieux mais reste marquée: "Je suis désormais très attentive à tous les bruits que je ne comprends pas lorsque je suis en classe".
Gino, professeur d’Histoire-géographie a pu s’enfuir avec ses élèves dans les premières minutes et a réussi à reprendre une vie normale. Avec ce procès, il veut comprendre mais aussi être reconnu comme victime: "J’attends que la personne soit condamnée, mais aussi que dès le début soit pris en considération le fait que nous sommes aussi des victimes au même titre que les élèves".
C’est la première fois en France qu’un tribunal juge des faits similaires. Accusé de tentative d’assignat, Killian risque 20 ans de réclusion. Il comparaît avec son ami Lucas qui est accusé de "complicité" pour l'avoir aidé à récupérer les armes et déposé en scooter près du lycée. L'adolescent interpellé après 35 minutes de terreur, avait expliqué avoir voulu se venger d’une dizaines d’élèves qui le harcelait. Il avait par la suite assuré avoir seulement voulu leur faire peur.