RMC
Police-Justice

"Il a tout fracassé": deux ans de prison requis contre un sergent qui harcelait sa subordonnée

placeholder video
Deux ans de prison dont quatre mois ferme ont été requis contre un sergent qui harcelait sa subordonnée au ministère des Armées. La plaignante, dont l’histoire a été diffusée sur RMC ce jeudi, s’est retrouvée confrontée à son harceleur présumé le même jour. Le militaire mis en cause a eu du mal à s’expliquer.

Un mois après le lancement d’une mission d’inspection sur les violences sexuelles dans l’armée, RMC a diffusé en exclusivité le témoignage de Léa*, une militaire qui a dénoncé des faits de harcèlement sexuel au sein même du ministère des Armées.

Le procès de son harceleur présumé a débuté ce jeudi 16 mai, dans l’après-midi, au tribunal correctionnel de Paris. Il encourt trois ans de prison et une radiation de l'armée. A la barre, celui qui dédramatisait les faits a eu du mal à s’expliquer.

"Dans les armées, on parle souvent de sexe”

Le regard rivé sur le sol, le sergent exprime des regrets poussifs. Invoque sa “lourdeur”, le “stress”, le besoin de relâcher “la pression” en équipe. “Vous pensez vraiment que ça peut détendre quelqu’un de lui dire qu’elle rigolera moins quand elle se fera sodomiser?”, l’interroge le président. "J’ai pris un sujet universel, répond le prévenu. Dans les armées, on parle souvent de sexe."

“Enfin, il y a une différence entre parler sexe entre collègues et harceler une subordonnée”, le reprend le juge.

“Vous avez compris que c’est une infraction?”, lui dit-il. “Je l’ai très bien compris, peste le militaire. Ça fait deux ans que j’en suis malade."

Léa, la plaignante, est elle encore plus atteinte. “Il a tout fracassé, tout explosé. Je doutais de mon intégrité en tant qu’être humain”, explique-t-elle. L’avocate de la défense tente bien d’abriter son client derrière le système sexiste des armées. La procureure juge les faits “impardonnables” et demande notamment la radiation du militaire.

En 2023, 167 signalements pour violences sexuelles ou sexistes ont été adressés à la hiérarchie militaire et 59 à la cellule "Themis" (créée en 2014 pour recueillir les témoignages des victimes et veiller à l'application de sanctions), selon le ministère des Armées. La décision a été mise en délibéré au 20 juin prochain.

Marion Dubreuil