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"La génération kalachnikov prend le pouvoir": des villes moyennes confrontées au trafic de drogue

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Les trafics de drogue sont à l'origine ces dernières semaines d'une flambée de violences à Marseille, mais aussi dans de nombreuses villes de taille moyenne comme Orléans ou encore Valence. Un phénomène toujours présent qui prend de l'ampleur.

Trois morts par balles et une situation qui inquiète à Valence (Drôme). La ville est le théâtre depuis mardi dernier d'un triste enchaînement de violences conduisant à la mort de trois personnes par balles en une semaine.

La préfecture de la Drôme a ainsi annoncé vendredi une "augmentation notable" des effectifs de police à Valence en raison de ce contexte de "règlements de comptes entre bandes". Selon la préfecture, depuis le début de l'année, dans la zone police de Valence, "plus de 650 interpellations ont eu lieu sous l'autorité du procureur de la République en lien avec une trentaine d'affaires liées au trafic, à l'usage ou à la revente de stupéfiants", soit trois fois plus qu'en 2022, sur la même période.

Nicolas Daragon, maire LR de Valence, livre son témoignage dans "Apolline Matin" ce lundi sur RMC et RMC Story, après cette flambée de violences. Il estime que ce n'est pas représentatif de sa ville. "Là, c'est du grand banditisme", souffle-t-il, s'interrogeant sur l'utilité des renforts des forces de l'ordre arrivés vendredi, le mal étant profond selon lui.

"Malheureusement, je ne pense pas que les forces mobiles auront un impact fort sur le grand banditisme", regrette-t-il.

"On espère que des enquêtes judiciaires et de police pourront prospérer rapidement et avoir des résultats. Les forces mobiles amèneront de la tranquillité et de la sérénité aux habitants qui subissent ces assauts trop régulièrement de bandes organisées. Elles viennent neutraliser les lieux de deal, donc quand elles sont là le territoire est apaisé", salue-t-il.

"Quand des réseaux sont démantelés, d'autres bandes viennent en lutte pour reprendre le territoire"

"Ce que je dis à l'État depuis maintenant plusieurs années, c'est (qu'il y a) une véritable faillite de l'ordre public avec des effectifs insuffisants sur la voie publique pour maintenir l'ordre. Les stups font leur travail, la police judiciaire font son travail. Mais quand des réseaux sont démantelés et que des gens sont envoyés en prison, d'autres bandes viennent en lutte pour reprendre le territoire", explique-t-il, réclamant plus de présence au jour le jour.

"Je veux que ce soit les forces publiques qui viennent à la place de ces bandes. Il faut donc une présence policière bien plus importante, et qu'elle ne soit pas seulement en réaction. Il faut des opérations de police très régulières pour déstabiliser les réseaux", plaide-t-il, estimant que les citoyens "ne comprennent pas" que les moyens ne soient pas mis en place alors les points de deal d'une ville moyenne comme la leur sont largement connus.

"On a aussi l'arrivée massive de la cocaïne qui a envahi les villes et maintenant les zones rurales"

Frédéric Ploquin, journaliste indépendant spécialiste du grand banditisme, confirme sur RMC que la situation est difficile à maîtriser avec des trafics de drogues qui "hystérisent la criminalité". Il estime que les élus locaux ne sont pas exempts de tout reproche, et récoltent les fruits de l'abandon du thème de la sécurité.

"Les élus locaux ont longtemps pensé qu'on pouvait acheter la tranquillité publique en laissant les petits points de deal 'pépère'. Mais 20 ans plus tard, ils récoltent le chaos. On est passé dans une autre dimension. C'est la génération kalachnikov qui prend le pouvoir. Et on a aussi l'arrivée massive de la cocaïne qui a envahi les villes et maintenant les zones rurales", note-t-il, dressant un portrait peu reluisant de l'avenir.

"Les dealers ont compris qu'en entrant dans les sous-préfectures, il y aurait une plus faible densité de forces de l'ordre, ce qui est la réalité. Elles sont très concentrées sur Paris, Lyon, Marseille...", explique-t-il, assurant que lorsqu'un point de deal s'installe, il faut des mois pour ensuite le démanteler.

J.A.