"La population a vite changé d'avis": Jérôme s'est engagé dans la police après les attentats de Charlie Hebdo
Plus de 5 ans après les attentats djihadistes de janvier 2015, le procès des attaques de Charlie Hebdo, Montrouge et de l’Hyper Casher s'ouvre mercredi et pour plus de deux mois. Et cette attaque, qui avait coûté la vie à plusieurs policiers, avait suscité les vocations poussant certains civils à s’engager dans la police ou la gendarmerie. Pas moins de 35.500 candidats avaient postulé au concours de gardien de la paix en mars 2016, soit un bond de 50% des inscriptions.
C’est le cas de Jérôme 27 ans, gardien de la paix avant tout et fier de son uniforme: "Protéger les gens les servir faire un monde meilleur si on rentre dans la police c'est pour ça c'est quelque chose qui vient des tripes. Chaque jour quand je mets cet uniforme je me dis 'je fais mon travail je protège les gens et je ferai tout pour les protéger'".
Le déclic, cet ancien employé de l'éducation nationale l'a eu le 7 janvier 2015.
"C'est des moments qu'on oublie pas quand on est policier, qui nous marquent et dont on n’oublie pas qu’ils peuvent se reproduire à tout moment. De voir des choses aussi horribles, ça provoque une étincelle une motivation, on n'a pas envie d'être spectateur de toutes ces choses horribles", explique-t-il.
"On nous dit qu’on est des assassins"
Parmi les victimes, trois policiers tués. Et lors des hommages la population salue leur mémoire et applaudit les fonctionnaires présents: "Juste après les attentats la population est descendue dans les rues, nous a applaudit nous a dit qu'elle nous aimait pour eux on était des héros. La population a vite changé d'avis. On est désormais les méchants, on est là pour faire des violences policières il y a eu des erreurs certes mais c’est plus facile de cibler une institution. Il y a eu l’affaire Théo, ensuite le mouvement des gilets jaunes".
"On nous dit qu’on est des assassins, c'est dur à encaisser. On se fait insulter, on reçoit des projectiles à tout va. Ce n’est pas normal, on est pas là pour ça", déplore Jérôme.
Cette défiance des citoyens a engendré une profonde désillusion chez certains policiers explique Mathieu Zagrodzki, chercheur associé au Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales et spécialiste de la police:
"Le quotidien du policier, ce n’est pas que de l’héroïsme. Ce sont des interventions qui ne sont pas forcément très intéressante ou gratifiante. Et en plus de ça, il y a toute ces affaires qui contribuent à dégrader l’image de la police".
À partir de mercredi Jérôme suivra, comme ses collègues, le procès des attentats de janvier 2015 pour analyser, dit-il, et tenter de comprendre ce qu'il s'est passé.