Le désarroi d'un policier, impuissant face aux rodéos urbains: "On nous demande de cesser la chasse"
Les rodéos urbains font polémique depuis plusieurs semaines en France. Thierry, un policier qui a contacté RMC pour intervenir dans Apolline Matin, fait partie de ces agents qui font face “toute l’année” à des rodéos au sein “des grandes villes et des banlieues”.
Dans son témoignage au micro de Sébastien Krebs, Thierry a notamment souhaité donner son point de vue sur la question de l’impuissance des forces de l’ordre face au phénomène des rodéos.
Selon lui, lorsqu’un équipage de police annonce à la radio “la prise en charge d’un véhicule deux roues qui multiplie les infractions, qui fait un délit de fuite, un refus d’obtempérer, qui manque de renverser des personnes”, la hiérarchie demande régulièrement de “cesser la chasse immédiatement”.
“L’état major reçoit des ordres du gouvernement, et on nous demande de cesser la chasse car si l’individu vient à se “gaméler” ou à se tuer, et bien ça va être de notre faute en fait”
Ce mercredi 17 août, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin était en déplacement à Créteil pour faire un point sur l’action de la préfecture de police de Paris contre les rodéos urbains et sur les saisies de véhicules.
La veille, il avait annoncé sur Twitter que chaque commissariat français devrait mener trois opérations anti rodéo par jour, une sorte de retour de la politique du chiffre. Mais selon l’auditeur et policier francilien, les agents de son commissariat n’ont “pas reçu d’instructions particulières concernant cela. Le gouvernement en parle mais on n’a reçu aucune directive”.
La prévention inutile?
Aux yeux de Thierry, cette politique du chiffre est en quelque sorte vouée à l’échec. “Le nombre de contrôles, peu importe. Ça ne servira toujours à rien. On peut contrôler le nombre de personnes que l’on veut, déjà il faut pouvoir les intercepter. Quand vous prenez en charge un deux-roues qui fait des sens interdits, qui monte sur les trottoirs, c’est assez compliqué de pouvoir les rattraper”.
“On va en choper deux sur dix, et auquel cas ils n’auront rien. Si on n’arrive pas à choper le conducteur, l’engin va être saisi et mis dans un commissariat, et le propriétaire de l’engin pourra venir récupérer sa machine avec les papiers en règle”
Le policier était aussi questionné sur l’approche éducative et préventive de ces rodéos urbains. Des stages de sensibilisation aux dangers de la conduite à moto sont en effet organisés, comme dans le quartier de la Madeleine à Évreux (Eure).
S’il admet que “les stages oui, c’est bien”, Thierry pense que ce type d’initiative est loin d’être suffisante pour endiguer le phénomène des rodéos. “On sait très bien que les jeunes savent ce qui est interdit et ce qui ne l’est pas. Ils savent très bien que la drogue c’est pas bien, ils savent très bien que faire du rodéo avec un engin c’est pas bien. Les stages oui c’est bien, mais ça ne changera pas la donne”, déplore le policier.