Un film sur les rodéos urbains à Cannes: "Choquant" et "aberrant" pour le policier Abdoulaye Kanté
Ce n’est pas la première fois qu’un film fait polémique au festival de Cannes. Cette édition n’a pas dérogé à la règle avec le film de Lola Quivoron, “Rodeo”, candidat à la Caméra d’or. Un film qui plonge dans l’univers des rodéos urbains, la “bike life”, comme l’a indiqué la réalisatrice.
Pourtant, depuis plusieurs mois, ces mêmes rodéos urbains suscitent beaucoup de protestations. Jugés dangereux, bruyants, ils sont dénoncés à la fois par des riverains, des policiers, mais aussi des élus. Aujourd'hui, c'est une infraction et la loi prévoit jusqu'à un an de prison et 15.000 euros d'amende.
Dans une interview pour le média Konbini, Lola Quivoron a regretté que le rodéo urbain soit “criminalisé à mort”. Une interview qui ne passe pas pour Abdoulaye Kanté, policier.
“C’est quand même quelque chose de choquant parce qu’effectivement cette dame a le droit de faire ce film, mais ce qu’il y a derrière, c’est le message qui est distillé. Comment on peut dire que la responsabilité des accidents qui sont causés par les individus qui, je le rappelle, conduisent des motos sans permis, sans casque et non immatriculées, qui peuvent créer à la fois du danger et pas plus tard que dimanche dernier, un gamin de 5 ans à Pantin qui a été grièvement blessé, c’est celle des policiers?”, dénonce-t-il ce jeudi matin sur RMC.
"Ces gamins sont en train de causer du tort"
Selon le policier, le problème de ce film, c’est qu’il tend vers une normalisation de la pratique des rodéos, qui sont pourtant une infraction.
“Combien de parents sont aujourd’hui en train de pleurer des gamins qui sont morts à cause justement de ce phénomène-là ? Combien de personnes sont en train de pleurer les victimes de ces phénomènes-là ? Donc la vérité qu’il faut dire, c’est que nous, policiers, on est obligé de faire notre travail, parce que ces gamins sont en train de causer du tort dans ces quartiers notamment à cause du bruit”, pointe-t-il.
Dans son interview à Konbini, la réalisatrice Lola Quivoron a également laissé entendre que les accidents sont souvent “causés” par les policiers. “Les accidents sont souvent causés par les flics qui prennent en chasse et qui créent une forme de précarité qui pousse du coup les riders vers la mort en fait, concrètement”, indique-t-elle.
“Quand on voit ce qui en découle, je trouve ce genre de message aberrant. Il y a des instructions qui sont justement données pour éviter les accidents, et justement, on évite, mais qu’est-ce qu’il se passe par la suite? Il faut choisir. Soit on stoppe ces individus pour qu’ils évitent de faire du tort à d’autres personnes, soit on laisse faire”, explique Abdoulaye Kanté.