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Val-de-Marne: des élus locaux contre un projet de prison, le Garde des Sceaux prêt à faire sans eux

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Le ministre de la Justice Didier Migaud cherche à construire de nouvelles prisons et pourrait passer en force face aux élus locaux opposés à l'implantation de nouveaux centres pénitentiaires sur leur territoire. C'est le cas à Noiseau dans le Val-de-Marne où une prison de 800 places doit voir le jour, au grand dam du maire et de la députée du territoire.

Pour lutter contre le narcotrafic, Didier Migaud le ministre de la Justice plaide pour l'isolement des trafiquants de drogue condamnés. Pour y arriver, il faut plus de places de prison alors même que le gouvernement est en retard sur les 15.000 nouvelles places de prison prévues d'ici 2027.

Le Garde des Sceaux rejette la faute sur les élus locaux qui font tout pour freiner la construction de prison sur leur territoire selon lui. C'est le cas dans le Val-de-Marne à Noiseau où les élus locaux s'opposent à un centre pénitentiaire: "Les élus toutes étiquettes confondues s’opposent à cette construction depuis 7 ans et ça aurait été la même chose pour un hôpital", assure ce lundi sur RMC Story Maud Petit, députée Modem du Val-de-Marne.

Le parti-pris : Nouvelles prisons, les élus contre la coercition - 11/11
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Les élus locaux invoquent deux raisons: d'abord la présence de terres agricoles sacrifiées au détriment d'une prison, mais aussi un projet de construction en zone inondable: "Nous ne voulons pas artificialiser les sols car nous craignons des inondations à termes", explique l'élue.

Même son de cloche pour le maire LR de Noiseau: "C'est une zone agricole avec beaucoup de biodiversité et c'est une zone inondable, ça va être une catastrophe", prévient Yvan Femel sur RMC.

Des habitants remontés

Une prison de 800 places à quelques centaines de mètres des habitations, personne n'en veut surtout les habitants: "Ça fait peur", confie Anna, qui habite à côté de cette future prison et qui en appréhende les conséquences: "Il y a le bruit et la circulation, c'est une catastrophe".

Pour certains habitants propriétaires, c'est aussi la crainte d'une baisse de la valeur de leur logement. Nicolas, le comprend et il est lui aussi opposé à ce projet: "Ça fait un petit déficit d'image. On vend une belle maison collée à un mur d'enceinte de la prison, c'est pas terrible", anticipe-t-il.

Le ministre de la Justice pourrait faire sans l'avis des élus locaux

Malgré ces protestations l'Etat maintient le projet. Dimanche sur France Inter, le ministre de la Justice n'a pas exclu de forcer la main des élus: "Il y a des projets bloqués et il peut y avoir des procédures adaptées quand il s'agit d'établissement d'intérêt national. Ce sera au parlement d'en décider", prévient le Garde des Sceaux.

"Ce serait grave d'en arriver-là, les élus locaux n'ont pas de lubies et ne s'opposent pas à ces projets sans raisons valables", martèle Maud Petit. "Ces propos vont à l'encontre de ce que le Premier ministre Michel Barnier qui disait vouloir travailler en concertation avec les élus locaux", ajoute la députée Modem.

La sensation de ne pas être écoutée est la même pour le maire Yvan Femel: "L'objectif de construire des places de prison est une priorité et on ne se soucie pas d'où elles ont été prévues".

Le dialogue rompu?

Pour se faire entendre Yvan Femel prévoit d'écrire une lettre au ministre de la Justice Didier Migaud tout comme Maud Petit qui réclame un rendez-vous avec le Garde des Sceaux: "J'aimerais qu'il me réponde cette fois-ci", insiste-t-elle après l'avoir déjà sollicité et l'invitant à défaut de se rendre sur place.

Au 1er octobre 2024 on recensait 79.631 détenus en France pour une densité carcérale de 127,9%. La France est 3e au classement des mauvais élèves de l'Union européenne en termes de surpopulation carcérale derrière Chypre et la Roumanie selon une étude publiée en juin par le Conseil de l'Europe.

Lucas Lauber avec Guillaume Dussourt