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Procès des viols de Mazan: "Pour moi, ce n’est pas un viol, elle a été victime de son mari" soutient un accusé

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Au procès des viols de Mazan, des accusés reconnaissent des relations sexuelles avec Gisèle Pelicot, qui étaient inconscientes, mais rejettent le terme de "viol" en faisant porter la responsabilité à Dominique Pelicot.

Le mot "viol" semble avoir été banni de la cour criminelle du Vaucluse, à Avignon, au procès des 51 hommes jugés la plupart pour viols aggravés sur Gisèle Pelicot. Dès le début de l’audience, le président a accédé à la demande de la défense pour parler de "scène de sexe", en respect de la présomption d’innocence. Les accusés, même quand ils reconnaissent avoir eu des relations sexuelles avec une femme inconsciente, en refusent la qualification juridique.

"Monsieur, avec le recul, est-ce que vous considérez que madame Pelicot était en mesure de prononcer le moindre consentement?", demande le président à Cyprien C., à la barre depuis une heure, qui s’est rendu chez les Pelicot en novembre 2017. "Non", répond Cyprien C., qui reconnaît la matérialité des faits, les pénétrations digitales, buccales, mais contestent avoir voulu la contraindre.

"Vous présentez des excuses à ma cliente, relève Me Stéphane Babonneau, l’avocat de Gisèle Pelicot. Mais est-ce que vous reconnaissez l’avoir violée ou non?." "Je lui ai présenté mes excuses", répète Cyprien C. "Vous ne direz donc pas le mot" s’agace Me Stéphane Babonneau.

"Comme moi je suis un violeur, il ne peut pas dire le contraire" lance Dominique Pelicot

"C’est terrible, cette assignation sociale être réduit à un violeur. Est-ce pour ça que c’est aussi difficile à admettre?", demande Me Magali Sabatier à son client, Cyprien C., qui répond simplement "oui". Les yeux rougis de larmes, cet homme semble pourtant avoir cheminé. A tel point que le président n’accède pas à la demande de l’avocat général et refuse la diffusion des vidéos.

Les larmes de Cyprien C. y sont sans doute pour quelque chose. "Ça ne me représente pas. Je regrette, je ne peux pas vous dire plus que ça. Je sais que je suis coupable de quelque chose", tente de se justifier Cyprien C. "Il a du mal à le dire", s’en amuse presque Dominique Pelicot, qui semble dominer la salle depuis sa chaise installée en hauteur dans le box. "Comme moi je suis un violeur, il ne peut pas dire le contraire", ajoute-t-il.

Un mot "violent" pour la compagne d’un accusé

Mais impossible pour les co-accusés de Dominique Pelicot d’être apparentés au monstre. Le violeur, c’est lui. "Pour moi, ce n’était pas un viol, assure Cyril B. Elle a été victime de son mari, qui s’est servi de moi pour assouvir ses fantasmes." Les proches de Cyril B., venus le soutenir en nombre au palais de justice, délivrent le même message à la cour.

Sa mère parle "d’un très bon fils, naïf, qui se laisse embarquer dans n’importe quoi". Sa sœur assure que "ce n’est pas quelqu’un de méchant, il a peut-être fait une bêtise mais je ne l’abandonnerai jamais". Et enfin, sa compagne, les yeux humides: "Pour moi, ce n’est pas un violeur. Si j’avais le moindre doute, je serais partie". "C’est le terme qui vous dérange?", lui demande l’avocate générale. "C’est le mot qui est violent, ça ne le représente pas", répond-elle.

Marion Dubreuil