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Procès du RN: Alain Jakubowicz dénonce les propos "scandaleux" d'une procureure

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Au procès des assistants parlementaires du RN, une procureure aurait assuré ne pas prononcer de relaxe à l'encontre d'un des prévenus parce que ça lui ferait "mal". Des propos qui choquent l'avocat et président d'honneur de la Licra, Alain Jakubowicz.

Une réquisition qui fait trembler la classe politique. A commencer par la principale intéressée. Mercredi, le parquet de Paris a requis cinq ans de prison, dont deux ans de prison ferme, et cinq ans d'inéligibilité contre Marine Le Pen dans le cadre du procès des assistants parlementaires du RN.

Ces cinq ans d'inéligibilité ont été requis avec "exécution probatoire", soit avec une application immédiate qui empêcherait de facto à Marine Le Pen de se présenter à l'élection présidentielle de 2027.

"C'est la sévérité à laquelle la justice nous a habitué sur ce type de dossier avec François Fillon, Nicolas Sarkozy ou encore Alain Juppé", note ce vendredi sur RMC et BFMTV l'avocat Alain Jakubowicz, président d'honneur de la Licra.

"Si je suis à l'audience, je monte sur la table"

Mais l'avocat dénonce cependant quelque chose de "scandaleux" pendant les débats. Au moment de prononcer une peine pour l'un des prévenus, pour qui les faits ne seraient pas suffisamment constitués et qui pourrait être relaxé, une procureure aurait dit: "Je pourrais prononcer la relaxe mais ça me fait mal". Des propos rapportés par le RN, mais aussi par certains journalistes présents.

"C'est terrible pour la perception que nos citoyens ont de la justice. Cette magistrate fait passer son point de vue personnel avant les intérêts de la société. Elle fait son commentaire personnel alors que le parquet est indivisible et qu'elle engage ainsi la parole du parquet", explique Alain Jakubowicz.

"Si je suis à l'audience, je monte sur la table, je fais un incident de tous les diables! Ça n'a pas de conséquence sur le procès lui-même, mais ça a des conséquences sur le principe même, et j'aurais aimé entendre le procureur de la République de Paris sur ces propos", poursuit l'avocat, réfutant l'idée que la justice soit "politique", sauf à cet instant. "Je n'ai pas de sympathie particulière pour le RN et Marine Le Pen mais ce sont des justiciables comme les autres et ils doivent être jugés comme les autres", défend l'avocat.

L'exécution provisoire de l'inéligibilité, "l'exception"

Pour le parquet, les faits sont bien caractérisés, notamment l'utilisation des fonds du parlement européen pour rémunérer des assistants parlementaires qui n'auraient jamais travaillé. Cet argent aurait finalement servi pour le fonctionnement du Rassemblement national, estime le procureur.

Alain Jakubowicz trouve étonnante l'exécution provisoire en première instance, "qui est l'exception", explique-t-il, alors qu'habituellement, faire appel permet de suspendre la sanction. Seule certitude, l'inéligibilité ne concerne pas les mandats en cours et n'obligerait pas Marine Le Pen à démissionner.

Face à Face : Alain Jakubowicz - 15/11
Face à Face : Alain Jakubowicz - 15/11
20:38

Dans la foulée des réquisitions, le RN s'en est pris à la justice, son président Jordan Bardella dénonçant un exercice "de vengeance". Marine Le Pen a elle-même dénoncé "l'outrance" et la "violence" des réquisitions.

"C'est singulier de voir Marine Le Pen et le RN hurler contre la sévérité de la justice quand généralement, on dit le contraire en parlant de laxisme", tacle Alain Jakubowicz, qui rappelle que la présidente du tribunal, qui doit prendre la décision, a suivi et mené les débats et doit encore entendre la défense la semaine prochaine pour prendre une décision "en liberté totale".

"Si j'avais un doute sur cette liberté totale, je prendrais ma robe d'avocat et je la rangerais", conclut l'avocat.

Guillaume Dussourt Journaliste BFMTV-RMC