Nicolas Sarkozy s'en prend aux profs qui travaillent "6 mois dans l'année": "C'est méprisant"

Les enseignants ne travaillent que "24 heures par semaines (...) six mois dans l'année". C'est en tout cas ce qu'assure l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy. A l'occasion d'une conférence sur "L'avenir de la France" ce vendredi à Saint-Raphaël (Var) à l'occasion des "Rencontres de l'avenir".
"On me dit 'il n’y a pas assez de fonctionnaires dans l’Education nationale', mais c’est d’une démagogie invraisemblable. Le statut de professeur des écoles, (…) c’est 24 heures par semaine et six mois de l’année (...) entre les vacances et les week-ends", a lancé l'ancien chef de l'Etat à l'occasion des "Rencontres de l'avenir" dans un extrait que BFM2 a diffusé.
"Alors, je sais bien, il faut préparer les cours. Maternelle, grande section", a poursuivi Nicolas Sarkozy provoquant les rires dans les salles. "Je sais que c’est un boulot difficile d’être enseignant mais il faut dire la vérité maintenant : nous n’avons pas les moyens d’avoir un million d’enseignants", a ajouté l'ancien Président se targuant d'avoir supprimé 150.000 postes d'enseignants sous son mandat de 2007 à 2012.
"Il y a des centaines de milliers d'enseignants compétents, dévoués et merveilleux. Et il y en a qui choisissent le boulot pour des mauvaises raisons", a ajouté l'ancien dirigeant de l'UMP aujourd'hui poursuivi par la justice.
Des propos qui ont provoqué l'ire de la gauche. Le secrétaire général du Parti socialiste Olivier Faure a dénoncé un "mépris pour les professeurs des écoles". Le député MoDem du Doubs Laurent Croizier a suggéré à l'ex-président d'aller travailler "une semaine dans une école maternelle".
"Si c'était une planque on ferait la queue pour être prof"
Même son de cloche ce lundi sur le plateau des Grandes Gueules pour la professeur de français Fatima Aït Bounoua: "Il réussit à faire à la fois quelque chose de caricatural, méprisant et moqueur. J'aimerais lui proposer un rendez-vous en terre inconnue avec 28 enfants de maternelle".
"La maternelle n'est pas un vestiaire où l'on pose son enfant et on le récupère à l'identique. Il se passe des choses en maternelle et ça demande une énergie folle, on demande à des enfants de devenir élève", poursuit-elle sur RMC et RMC Story.
Et elle insiste: "Si c'était une planque où les gens étaient payés à rien faire, on ferait la queue pour être professeur mais on en manque et ils démissionnent même. Je ne pense même pas que Nicolas Sarkozy croit ce qu'il dit mais c'est fédérateur un bouc émissaire", ajoute Fatima Aït Bounoua.
En 2020 en France, on recensait 866.500 enseignants dans les écoles et les établissements du premier degré selon l'Education nationale. Un chiffre qui ne cesse de baisser: en 2024 plus de 20.000 postes étaient à pourvoir. Selon l'OCDE, le temps de travail des enseignants français est supérieur à la moyenne européenne mais la rémunération, inférieure.