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Police-Justice

Quatre ans de prison requis contre le rappeur Moha La Squale, jugé pour violences conjugales et menaces de mort contre 6 ex-compagnes.

Moha La Squale

Moha La Squale - Capture d'écran YouTube

Six ans de prison, dont deux avec sursis, ont été requis contre le rappeur Moha La Squale, 29 ans, jugé à Paris pour des violences conjugales et menaces de mort dont l'accusent six ex-compagnes.

Un homme au "double visage" qui ne se "remet pas en question": le parquet a requis jeudi 4 juillet 2024 six ans de prison, dont deux avec sursis, contre l'ex-star du rap Moha La Squale, jugé à Paris pour des violences conjugales et menaces de mort contre six ex-compagnes.

Pendant presque cinq ans (de 2017 à 2021), Mohamed Bellahmed - le vrai nom de l'artiste -, 29 ans, a fait subir à ses victimes un schéma de violences très similaire, a pointé la représentante du parquet devant le tribunal correctionnel.

Absence "totale" de remise en question

Les jeunes femmes étaient d'abord "amadouées", puis subissaient des maltraitances psychologiques (insultes, propos humiliants), des menaces de mort et enfin des sévices physiques: gifles, tirages de cheveux, étranglement, étouffement avec un oreiller, a détaillé la magistrate.

Lors de disputes, trois des six victimes ont en outre été séquestrées par le prévenu, qui les a enfermées et leur a pris leur téléphone pour les empêcher d'appeler au secours, a-t-elle insisté.

Les six femmes ont "unanimement" décrit le "double visage" de leur ex-compagnon, à la fois "doux, gentil, affectueux" mais pouvant aussi "vriller en une seconde et devenir cette autre personne, jalouse, colérique, capricieuse, impulsive, violente et paranoïaque", a souligné la procureure.

Elle a également requis une injonction de soins psychologiques pour le rappeur, qui a selon elle montré une "absence totale de remise en question": il n'a cessé de répéter que ses accusatrices mentaient et s'est dit victime d'un "complot" de leur part.

Un argumentaire "un peu trop facile" et qui laisse craindre une possible réitération des faits, a mis en garde la magistrate. Moha La Squale a déjà passé près de dix-huit mois en détention provisoire. Il a été remis en liberté l'an dernier, mais est retourné derrière les barreaux pour n'avoir pas respecté son contrôle judiciaire.

"Système de domination"

Mercredi, l'artiste s'était empêtré dans des déclarations parfois contradictoires sur ses relations amoureuses "toxiques": il avait nié toute violence physique à l'encontre des plaignantes mais regretté de leur avoir "fait du mal".

Il "vit dans un monde imaginaire où les projecteurs sont braqués sur lui", où ses accusatrices voudraient "lui retirer cette lumière et la braquer sur elles", a raillé Me Fabien Guilbaud, qui défend l'une des plaignantes.  

Pourtant, "elles ne veulent pas lui nuire, elles veulent l'aider ! C'est surréaliste de ne pas entendre ça", s'est exclamé l'avocat. Ses confrères des parties civiles ont insisté sur le "système de domination" imposé par le rappeur à leurs clientes, ou sur la nécessité de poser "un pansement sur leurs blessures". 

L'une des plaignantes, encore "terrorisée à l'idée de marcher dans le quartier où ils ont vécu", espère "récupérer des fragments de sa vie qu'il lui a volés", une autre attend "qu'il se soigne, qu'il se répare avant qu'il n'en abîme d'autres", ont-ils expliqué.

En défense, Me Elise Arfi s'est ingéniée à contrer l'image de "monstre" accolée à son client, un homme "isolé", "complètement dépassé" par sa soudaine célébrité à 23 ans, et dont la forte consommation de cannabis a pu expliquer les "sautes d'humeur". Selon elle, les plaignantes n'ont pas été sous "l'emprise" de leur compagnon.

"Il n'y avait pas de relation hiérarchique" et "elles auraient pu partir", a-t-elle insisté, en suggérant que la "célébrité" du rappeur avait pu contribuer à ce "qu'elles soient restées" avec lui: "il y avait peut-être un peu de narcissisme des deux côtés".

En outre, pour l'avocate, beaucoup de faits allégués ne reposent sur aucune preuve tangible. On est parfois "dans la subjectivité la plus totale", a martelé Me Arfi. Invité à s'exprimer en conclusion des débats, le jeune rappeur s'est adressé aux victimes, en énumérant leurs prénoms: "je souhaiterais m'excuser auprès (d'elles) pour le mal que j'ai pu leur faire". Le tribunal rendra sa décision vendredi après-midi.

RMC avec AFP