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Police-Justice

Sandra Helleputte battue à mort par son ex: le procès des dysfonctionnements aux assises de Douai

L'homme est très défavorablement connu de la police et de la justice, notamment pour des faits de violences conjugales (Photo d'illustration)

L'homme est très défavorablement connu de la police et de la justice, notamment pour des faits de violences conjugales (Photo d'illustration) - AFP

Sandra Helleputte, 41 ans, a été battue à mort par son ex-compagnon le 1er mai 2015 à Hazebrouck (Nord). Hocine Hamoudi déjà visé par une plainte pour violences conjugales lui a infligé 143 lésions dont 20 fractures différentes. Le trentenaire est jugé pour meurtre sur conjoint et viol aux assises de Douai jusqu'au 17 mars.

Hocine Hamoudi est jugé pour meurtre sur conjoint et viol aux assises de Douai jusqu'au 17 mars. Il est accusé d'avoir battu à mort Sandra Helleputte, son ex-compagne, le 1er mai 2015. Ce procès sera aussi l'occasion de comprendre comment ce féminicide a pu arriver alors que de nombreuses alertes avaient été lancées.

En effet, tout le monde savait que Sandra Helleputte, 41 ans, était victime de violences conjugales. À commencer par sa voisine, à qui elle avait dit "d'appeler la police si elle entendait trop de bruit". Sa sœur, à qui elle avait envoyé des photos de ses blessures. Sa mère, à qui elle avait confié "qu'un jour, l'un des deux allait se retrouver en prison et l'autre à la morgue". Son ex-mari à qui elle avait confié que Hocine Hamoudi ne la lâcherait jamais. Ses quatre enfants témoins, impuissants des scènes de violences. Mais surtout la police et la justice.

La police alertée de nombreuses fois

Car Sandra Helleputte avait déposé plainte dès juin 2014 après avoir été hospitalisée. Hocine Hamoudi l'avait frappée avec ses poings, une bouteille en plastique et un tournevis parce qu'elle voulait arrêter de se prostituer. Sandra avait expliqué aux policiers qu'elle se coupait les cheveux pour que son compagnon ne les tire plus, y compris quand elle dormait. Un mois plus tard, Sandra Helleputte revenait au poste de police, elle disait avoir menti "qu'elle avait voulu se venger car il l'avait trompée" et elle retirait sa plainte. La procédure était classée sans suite.  

Entre janvier et avril 2015, la police est intervenue à trois reprises au domicile de Sandra pour déloger son ex-compagnon. Le 16 avril, Hocine Hamoudi repartait avec les policiers pour revenir une heure plus tard pour l’agresser chez elle. Elle s'était présentée au poste de police couverte de sang. Il était convoqué devant le tribunal correctionnel au mois de juin pour violences, entre-temps Sandra est morte.  

143 lésions dont 20 fractures différentes

Le 1er mai 2015, Hocine Hamoudi s'est acharné sur elle. Les médecins légistes ont constaté 143 lésions dont 20 fractures différentes sur le corps de Sandra Helleputte. La quadragénaire a été découverte nue et les constatations médico-légales sont compatibles avec des violences sexuelles. Son calvaire a duré plusieurs heures. Elle a appelé son fils aîné à l'aide à deux reprises.

À la mi-journée, le jeune homme lui propose de l'emmener à l'hôpital, mais elle refuse. Il revient vers 16h et il constate alors que Hocine Hamoudi est en pleine crise. Sa mère est mal en point, elle a des bleus et du sang sur le corps. Sandra refuse une nouvelle fois d'aller à l'hôpital. Vers 18h, c'est Hocine Hamoudi qui a décroché son téléphone pour annoncer à la petite amie du fils de Sandra que "sa mère elle est morte", avant de prendre la fuite. 

Plusieurs remises en liberté et réincarcérations

Il a été interpellé dès le lendemain et placé en détention provisoire. En 2016, Hocine Hamoudi a été remis en liberté sous contrôle judiciaire après un vice de procédure. Il a rencontré une autre femme qui l'a accusé à son tour de violences et de proxénétisme. Il a été condamné à trois ans de prison, puis huit mois de prison pour des violences sur un co-détenu. Il a bénéficié d'une remise en liberté conditionnelle en plein état d'urgence sanitaire en mars 2020. Il a été réincarcéré en 2021 pour violences conjugales.  

Marion Dubreuil (édité par AB)