Tariq Ramadan sera jugé pour viols sur trois femmes après le rejet de ses pourvois

La Cour de cassation a rejeté ce mercredi 9 octobre des pourvois formés par l'islamologue suisse Tariq Ramadan, rendant définitif son renvoi en procès pour viol aggravé et viols sur trois femmes entre 2009 et 2016, a appris l'AFP de source judiciaire.
Tariq Ramadan contestait dans ces pourvois les accusations. Après leur rejet il sera donc jugé par la cour criminelle départementale de Paris dans cette enquête emblématique de l'ère #MeToo débutée fin 2017.
Ramadan évoque de la "domination consentie"
Le 7 juillet 2023, après six ans d'enquête, deux juges d'instruction avaient ordonné ce renvoi de Tariq Ramadan pour des viols sur Christelle (prénom d'emprunt), Henda Ayari, Mounia Rabbouj et une quatrième femme. Dans cette procédure très médiatisée et emblématique de l'ère #MeToo, les plaignantes ont en effet décrit des relations sexuelles particulièrement brutales.
Le récit de Mounia Rabbouj, qui avait présenté une robe tachée du sperme de l'islamologue, avait contraint l'intellectuel, qui l'avait d'abord nié, à admettre mi-2018 l'existence de relations adultères avec elle et d'anciennes maîtresses, empreintes "de domination", rudes mais "consenties", un tournant majeur dans ce dossier.
La Cour de Cassation estime que les requêtes portent sur l'appréciation de l'affaire et non le droit
L'islamologue et une quatrième femme, Mounia Rabbouj, avaient formé des pourvois antagonistes, le premier demandant un non-lieu général, la seconde l'ajout de ses accusations rejetées par la cour d'appel.
A l'audience de mercredi, le conseiller rapporteur comme l'avocat général ont prôné la non-admission de ces pourvois, une procédure qui permet d'écarter rapidement les recours non sérieux ou irrecevables.
Les deux magistrats ont notamment estimé que ces requêtes tendaient à remettre en cause l'appréciation de fond de la chambre de l'instruction, alors que le rôle de la Cour de cassation se borne à vérifier l'absence d'erreur de droit. Aucun avocat, en défense de Tariq Ramadan ou à l'appui de Mounia Rabbouj, n'a défendu oralement ses observations écrites.
Dans son arrêt du 27 juin dont l'AFP a eu connaissance, la cour d'appel avait écarté le cas de Mme Rabbouj, et pris sur le fond le contrepied des magistrates instructrices et de l'enquête, qui s'était focalisée sur l'emprise, en retenant la violence comme principal stratagème des viols imputés à Tariq Ramadan.
Condamné pour viol par la justice suisse
L'homme âgé de 62 ans avait déjà été condamné pour "viol et de contrainte sexuelle" le 10 septembre dernier à trois ans de prison dont un an ferme par la Chambre pénale d'appel et de révision de Genève, en Suisse. Il avait également été condamné à verser 25.000 francs suisses à la plaignante, soit environ 27.700 euros.
Concernant cette affaire, Tariq Ramadan doit désormais recourir au Tribunal fédéral, selon les déclarations le mois dernier de ses avocats suisses. La plaignante de ce viol avait témoigné sur RMC, au micro d'Apolline Matin, exprimant notamment son "grand soulagement".