Une amende pour des menaces de mort contre un proviseur: "Le juge met une cible sur les enseignants"

C'est une décision de justice qui interpelle. L'auteur de menaces de mort contre le proviseur du lycée Maurice Ravel, à Paris, a été condamné à 600 euros d'amende et un stage de citoyenneté. Le 28 février 2024, le proviseur avait eu une altercation avec une élève majeure à laquelle il avait demandé de retirer son voile dans l'enceinte de l'établissement. Après cet épisode, il avait été victime d'une vague de harcèlement sur les réseaux sociaux. L'accusé avait même écrit sur Twitter: "Il faut le brûler vif ce chien".
Pour ces propos, il a été condamné à 600 euros d'amende donc, ainsi qu'à effectuer un stage de citoyenneté de cinq jours et à verser 3.000 euros de dommages et intérêts au proviseur du lycée.
Une décision jugée beaucoup trop clémente ce mardi sur le plateau des Grandes Gueules. C'est notamment ce que déplorent de concert les deux professeurs des GG, Barbara Lefebvre et Jean-Loup Bonnamy: "Les juges sont des gens inconséquents", tacle-t-elle. "Ils continuent à mettre une cible dans le dos des enseignants et des chefs d'établissement. C'est une énième cible dans le dos des profs, des CPE, des proviseurs qui ne font rien d'autre que respecter la loi. Certains élèves, parents d'élèves et activistes des réseaux sociaux se frottent les mains".
"C'est une peine contraventionnelle, je risque plus en grillant un feu rouge. Il écrit une lettre où il s'excuse et ça passe crème", poursuit la prof d'histoire-géographie.
"C'est effroyable"
"Le proviseur n'a fait qu'appliquer la loi sur les signes religieux", rappelle Jean-Loup Bonnamy. "Cet internaute, s'il ne veut pas accepter les règles d'un pays, la porte est grande ouverte, il peut aller ailleurs", invite-t-il sur RMC et RMC Story.
"C'est effroyable cette sanction", se désespère Bruno Poncet. "On se dit que Samuel Paty et Dominique Bernard sont morts pour rien parce que personne ne comprend les leçons", ajoute le cheminot et syndicaliste, qui réclame "des peines lourdes et de la prison pour que les gens comprennent", alors que le parquet avait initialement requis de la prison avec sursis.
Deux autres procès
Après ces incidents, le proviseur de l'établissement avait anticipé de quelques mois son départ à la retraite. Chose rare, cette décision de justice a fait réagir ce mardi la ministre de l'Education nationale Anne Genetet, qui a dénoncé "un coup porté contre l'Education nationale". Le parquet de Paris dispose d’un délai de 10 jours pour faire appel.
Mi-mars, un autre homme interpellé dans le cadre de cette enquête a été relaxé à Lisieux (Calvados), mais le parquet a fait appel. En novembre, le ministère public a requis dix mois de prison avec sursis à l'encontre d'un troisième homme jugé à Bourg-en-Bresse (Ain). Dans cette dernière affaire, le délibéré est attendu le 28 novembre.