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Police-Justice

Viols de Mazan: Gisèle Pélicot dénonce "le procès de la lâcheté" pour sa dernière prise de parole

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Pour sa dernière prise de parole au procès des viols de Mazan, Gisèle Pélicot s'en est pris devant la cour à la "lâcheté" de plusieurs accusés.

Pour sa dernière prise de parole devant la cour, au procès des viols de Mazan, Gisèle Pélicot a dénoncé ce mardi "le procès de la lâcheté". Elle a raconté sa fatigue après 2 mois et demi d’audience mais aussi une certaine fierté à avoir redoré le nom Pélicot pour ses enfants et ses petits-enfants car dans le monde entier, c’est elle que l’on retiendra et non son ex-mari.

"Depuis le début de ce procès, j’ai entendu beaucoup de choses inaudibles. J’en ai pris conscience, je savais à quoi j’allais m’exposer en renonçant au huis clos. Je reconnais que la fatigue se fait sentir, j’ai été omniprésente dans cette salle", a-t-elle assuré.

Gisèle Pélicot est ensuite revenue sur les déclarations de plusieurs des 51 accusés qui ont expliqué à la cour avoir suivi les indications de Dominique Pélicot, les incitant à violer sa femme alors qu'elle était droguée: "J’ai entendu: 'j’ai été téléguidé, j’ai bu un verre d’eau j’étais drogué'. Pour moi, c’est le procès de la lâcheté, il n’y a pas d’autres mots.

"Il est temps que la société machiste change de regard sur le viol"

"J’ai vu aussi défiler quatre personnes de la gendarmerie venus dire qu’un monsieur ici était respectueux", a expliqué Gisèle Pélicot évoquant des témoins de moralité, anciens policiers notamment, venus au soutien de l'un des accusés.

"Il est grand temps que la société machiste, patriarcale, qui banalise le viol, change. Il est temps qu'on change le regard sur le viol", a ajouté la septuagénaire après avoir été victimes de viols répétés pendant des années par son mari qui la droguait et recrutait des inconnus sur internet.

Gisèle Pélicot a une fois de plus été bousculée par les avocats de la défense qui ne l'auront pas ménagé jusqu'au bout des débats. À tel point que son avocat est intervenu pour demander qu’on arrête de s'en prendre à sa cliente.

Les attaques de la défense

"La seule fois où vous avez pleuré c’est sur l’enfance de monsieur Pélicot", l'a d'abord attaqué l'avocat de plusieurs accusés Nadia el Bouroumi. "N'importe quoi", ont répondu les parties civiles. "Vous êtes encore sous emprise", a relancé l'avocate de la défense.

Gisèle Pélicot a réfuté avoir pu être "sous emprise" ou "manipulée" pendant ses 50 ans de vie commune avec Dominique Pélicot: "Est-ce que vous croyez que je serais restée pendant 50 ans avec quelqu'un qui me manipulait ? (...) Absolument rien ne m'a mis la puce à l'oreille".

Interrogée sur les accusations d’inceste qui pèsent sur son ex-mari, Gisèle Pélicot a refusé de répondre. Dans la foulée, sa fille Caroline Darian, convaincue d’avoir été violée par son père a quitté la salle en trombe. " On fait le procès de Dominique Pélicot et des 50 accusés derrière moi", a lancé Gisèle Pélicot les désignant du doigt en se retournant, "pas le procès de l’intra familial".

"Est ce que malgré toute l’horreur vous ne gardez pas un profond attachement pour lui?", demande une autre avocate. Gisèle Pélicot réplique "qu’elle a perdu 10 ans" de sa vie, que "la cicatrice ne se refermera pas" mais qu’elle souhaite garder le meilleur de Dominique Pélicot.

GD avec Marion Dubreuil