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Police-Justice

Procès des viols de Mazan: "Le déclic, c'est quand il me demande de faire pareil avec ma mère"

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Accusé d'avoir violé à six reprises Gisèle Pélicot, l'homme âgé de 22 ans au début des faits, a affirmé vendredi avoir arrêté lorsque Dominique Pélicot a voulu qu'il drogue à son tour sa mère avec des médicaments.

Charly A., 30 ans, n'avait que 22 ans au début des faits qui lui sont reprochés. À savoir d'avoir violé à six reprises Gisèle Pélicot, à l'époque âgée de 63 ans. "Je reconnais l'acte, pas l'intention. Non, je n'ai pas l'intention de violer madame", a-t-il affirmé vendredi dans le box des accusés de la cour criminelle du Vaucluse, où 50 autres hommes sont tous jugés pour viols aggravés sur la même victime.

L'expert-psychiatre Mathieu Lacambre, souligne que Charly A. consomme à l'époque du contenu pornogrpahique à haute dose. S'il est venu, c'est sans doute pour suivre le "script normatif véhiculé par le porno sur internet", selon le médecin.

"J'arrivais pas à dire non"

"Est-ce que vous aviez l’impression d’être comme dans un film porno?", lui demande un juge. "Oui, peut-être" admet l'accusé, qui a peu de recul sur les six épisodes de viols qui lui sont reprochés en l'espace de 5 ans. Il effectue sa première visite dans la nuit du 20 au 21 janvier 2016. Il reviendra une nouvelle fois en 2018, puis trois fois en 2020. La dernière, dans la nuit du 9 au 10 juin 2020.

"J'arrivais pas à dire non, M. Pelicot était insistant, entreprenant, rassurant", justifie l'accusé, ajoutant: "Peut-être que j'étais facile à manipuler." "Je n'ai pas eu l'impression de le soudoyer", rétorque le mari, persistant à dire que tous ses "invités" savaient que sa femme serait endormie "à son insu.

Les accusés du procès Pélicot, des messieurs Tout-le-Monde ?
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"Comment était madame Pelicot, elle réagissait, elle avait un corps tonique ou complètement relâché ?", lui demande ensuite le président de la cour criminelle. " Normal", ose répondre Charly A., en contradiction totale avec les vidéos diffusées qui montrent la victime qui ronfle, bouche entrouverte.

"Jamais je n'ai donné de médicaments à ma mère", affirme l'accusé

"Elle était endormie", admet après le trentenaire. "Pourquoi est ce que vous arrêtez", demande une magistrate. "Le déclic, c'est quand il me demande de faire pareil avec ma mère", explique l'accusé. De fait, sur l'insistance de Dominique Pelicot qui lui aurait proposé de répliquer sur quelqu'un de son entourage le procédé qu'il utilisait sur son épouse Gisèle, le jeune homme avait évoqué sa mère.

Mais il maintient n'être jamais passé à l'acte, même si l'accusé principal lui avait donné des médicaments pour le faire. "Je le confirme expressément, je n'ai jamais, jamais donné de médicaments à ma mère". En tous cas, il n'est pas jugé pour ça, mais pour six viols de Gisèle Pelicot.

Plaidoiries des parties civiles la semaine prochaine

La journée lundi, qui devrait être la dernière consacrée aux débats sur les faits, ce procès symbolique de la question des violences faites aux femmes et de la soumission chimique va entrer dans une nouvelle phase, celle des plaidoiries, avec pour commencer mardi celles des avocats des parties civiles, c'est-à-dire de Gisèle Pelicot, de ses enfants et de ses petits-enfants.

Puis, selon le planning officiel du procès, ce devrait être le réquisitoire de l'avocat général mercredi et jeudi, avant le début des plaidoiries de la défense vendredi, qui devraient ensuite s'étaler sur trois semaines.

Marion Dubreuil avec Léo Manson et AFP