"Aristocratie d'Etat", "entresoi": la nomination d'Agnès Buzyn à la Cour des comptes fait polémique
L'ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn, proche d'Emmanuel Macron, a été nommée conseillère maître à la Cour des comptes, a annoncé vendredi l'Elysée. Une belle promotion pour l'hématologue, mise en examen fin 2021 pour "mise en danger de la vie d'autrui", en raison de sa gestion de l'épidémie et qui avait quitté son poste en urgence pour remplacer Benjamin Griveaux dans la course à la mairie de Paris.
Une nomination qui fait grincer des dents ce lundi sur le plateau des "Grandes Gueules": "Comment c'est possible de mépriser autant la justice et la population?", s'interroge Khaouter Ben Mohammed. "J'ai perdu une dizaine d'amis lors de la première vague, j'en tiens pour responsable l'ancienne ministre de la Santé".
Après son échec aux municipales, Agnès Buzyn avait été nommée à la tête de l'Académie de l'OMS avant donc, d'accéder à la Cour des comptes où elle devrait toucher un peu moins de 10.000 euros mensuels: "On la remercie alors qu'elle est mise en examen pour mise en danger de la vie d'autrui, mais où est la morale dans ce pays?", tacle-t-elle.
"La République, ce n'est pas une famille pour enfants gâtés"
"C'est surtout un capitaine qui a quitté le bateau. 'Dès le début j'ai compris que c'était important', nous a-t-elle dit, et elle est allée se présenter à la mairie", se rappelle de son côté le médecin Jérôme Marty.
"Il y a un côté aristocratie d'Etat qui est choquant, un milieu qui se protège et se coopte", tacle l'avocat Charles Consigny qui rappelle qu'Agnès Buzyn est praticienne hospitalière et s'étonne qu'elle n'aille pas travailler à l'hôpital.
"On a plus besoin de médecins à l'hôpital que de conseillers à la Cour des Comptes. Cette aristocratie d'Etat est navrante et malheureusement alors que sous Macron on nous avait promis beaucoup de modernité, elle est renforcée". La République, ce n'est pas une famille pour enfants gâtés", ajoute Charles Consigny.
"On a l'impression que ces gens-là s'en foutent. C'est ça qui fait monter les extrêmes, c'est ça que ne peuvent plus voir les gens, cette famille cet entresoi qui se protège", renchérit le docteur Jérôme Marty".
La légion d'honneur en janvier dernier
Et même pour Claire O'Petit, ancienne députée de La République en Marche, la nomination d'Agnès Buzyn à la Cour des comptes est "d'une gravité extrême".
La Cour de justice de la République avait ouvert en juillet 2020 une enquête sur la gestion par les autorités de l'épidémie de Covid-19 après plusieurs plaintes. C'est dans ce cadre que Agnès Buzyn avait été mise en examen le 10 septembre pour "mise en danger de la vie d'autrui" et placée sous le statut plus favorable de témoin assisté pour "abstention volontaire de combattre un sinistre".
Une mise en examen qui n'avait pas empêché l'ancienne ministre d'être décorée de la Légion d'honneur en janvier 2022. Avant une nouvelle promotion à la Cour des comptes donc.