Borne confirmée à Matignon formera "un gouvernement d'action" début juillet, annonce Macron
Avant une nouvelle tournée diplomatique de plusieurs jours, Emmanuel Macron a accordé un entretien à l'AFP avant son départ de Paris. Le chef de l'Etat y confirme sa confiance en sa Première ministre, maintenue à son poste à Matignon alors que son nom n'avait pas été cité lors de la dernière allocution du chef de l'État. A charge pour Elisabeth Borne, à nouveau, de discuter avec les groupes d'opposition, pour mettre en place un nouveau "gouvernement d'action" début juillet.
"Voyant à la fois les refus et les disponibilités, j'ai décidé aujourd'hui de confirmer ma confiance à Elisabeth Borne. Elle a ma confiance dans la durée", explique-t-il
Le président de la République apporte des précisions sur son futur gouvernement et remet une fois de plus la pression sur les épaules de ses adversaires politiques. Si le mot "union nationale" avait été balayé d'un revers de main mercredi dernier lors de son allocution, le chef de l'État estime que ce nouveau gouvernement Borne est susceptible d'aller "des communistes aux Républicains".
En revanche, le chef de l'État n'inclut pas dans cette possibilité le Rassemblement national ou la France insoumise, les deux premiers partis d'opposition à l'Assemblée nationale.
"Les Français ont accordé une légitimité aux députés RN et LFI et ces partis ont une formation politique. Je ne confonds pas les extrêmes mais par leur expression, leur positionnement - j'ai toujours été clair sur ce sujet -, ces formations ne s'inscrivent pas comme des partis de gouvernement", déclare le chef de l'État.
"Dans le cadre du projet présidentiel"
Emmanuel Macron tend la main mais assure que la base des discussions avec la Première ministre sera le "cadre du projet présidentiel et celui de la majorité présidentielle, qui pourra être amendé ou enrichi". Sa ligne rouge: "augmenter les impôts ou la dette". Sa condition: il n'est pas question d'abandonner la réforme des retraites ni l'objectif du plein emploi.
"Ce sont les deux grandes réformes que nous devons conduire dans la concertation, sans totem ni tabou, mais en gardant un cap d'ambition", explique le président de la République
Des oppositions pas convaincues
Elisabeth Borne a maintenant jusqu'à début juillet pour constituer sa future équipe gouvernementale. Mais certains partenaires cités, comme Les Républicains, ne semblent pas prêts à des concessions. Le terme "gouvernement d'action", cité par le chef de l'État, est notamment critiqué par le vice-président des LR, Gilles Platret. Pour lui c'est un terme qui manque de sens:
"Qu'est-ce que c'est qu'un gouvernement? Est-ce que c'est une action pour tenir compte du message des Français aux Législatives? Ou pour tenir compte de son propre programme à lui, en négligeant que son programme et sa propre personne ont été désavoués. Ce sont des mots creux qui ne veulent rien dire et qui ne parleront pas aux Français", estime le maire de Châlon-sur-Saône.
Le même terme a retenu l'attention d'Eric Coquerel, député de Seine-Saint-Denis, qui estime que ce n'est pas Emmanuel Macron, "un président affaibli", qui "exclut" les Insoumis mais LFI qui "n'a pas envie d'être dans son gouvernement". Pour lui, le mot "gouvernement d'action, ce n'est rien d'autre que le gouvernement pour installer sa politique. Mais c'est l'Assemblée qui dispose, ce n'est plus lui", tranche le député NUPES-LFI.
Sa collègue de l'autre côté du périphérique, Danièle Obono, juge de son côté qu'Elisabeth Borne n'a pas de légitimité pour rester à Matignon:
"Elle n'a rien dit, rien précisé, et ça serait considéré comme suffisant pour prétendre gouverner ce pays? Non, ce n'est pas possible. Nous ne lui accordons aucune confiance et nous avons été élus pour nous opposer à ce qu'elle fait et proposer un programme de gouvernement alternatif"