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"C'est une perte": malgré les tensions sur les retraites, la majorité regrette déjà Laurent Berger

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Laurent Berger a annoncé ce mercredi son départ de la CFDT en juin prochain, avec son remplacement par Marylise Léon. A cette annonce, la majorité est tiraillée entre le gâchis d'avoir vu cet allié devenir premier opposant à la réforme des retraites et l'inquiétude de connaître le ton de la "nouvelle CFDT" avec sa future secrétaire générale.

Un sentiment de gâchis qui prédomine. En quelques mois, Laurent Berger est passé du principal partenaire de la majorité à l'opposant majeur au président de la République, Emmanuel Macron. Au moment de l'annonce du départ du patron de la CFDT pour le mois de juin prochain, la majorité est tiraillée.

"Malgré les derniers mois compliqués, c'est une perte, on termine sur une incompréhension mutuelle", admet un député macroniste.

Il y a quelques semaines, un proche du chef de l'Etat accusait même Laurent Berger de faire de la politique et dénonçait un "pompier pyromane". Mais ça, c'était avant l'annonce de son départ. Mercredi, Emmanuel Macron, en déplacement en Alsace, a d'ailleurs exprimé son "respect et son amitié" pour le leader syndical.

Une réaction "insincère" selon un député socialiste et qui fait hausser les sourcils de plusieurs membres de la majorité. "Exprimer son respect oui, amitié il aurait pu s'en passer (…) c'est un peu gonflé: peut-être parle-t-il d'amitié intellectuelle". De son côté, un ministre veut croire en un geste d'ouverture: "Il tente de renouer, c'est bien".

"Vous me demandez si c’est un ami, je vous réponds non", a répliqué Laurent Berger sur France Inter ce jeudi.

La majorité s'interroge sur la "nouvelle CFDT"

Désormais, la majorité s'interroge: à quoi va ressembler la nouvelle CFDT? Ce changement de direction au sein du syndicat ressemble un peu à un saut dans l'inconnu pour les soutiens d'Emmanuel Macron, alors que l'exécutif tente de renouer le dialogue avec les syndicats. Laurent Berger a déjà désigné Marylise Léon pour lui succéder mais un député de la majorité anticipe: "Ça change la donne, qui sait quelle sera son attitude?".

Plusieurs prennent pour exemple la nouvelle cheffe de la CGT, Sophie Binet, qui a durci le ton depuis son arrivée à la tête du syndicat. Un membre du Modem ne s'inquiète pas tant du changement à la tête de la CFDT, mais plutôt de l'attitude à la base du syndicat.

"Avec la réforme des retraites, certains se sont radicalisés. Tout ce qu'on peut espérer, c'est que la CFDT reste la CFDT, et continue à être réformiste", détaille ce député.

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L'hypothèse d'une reconversion en politique

En tout cas, le départ annoncé de Laurent Berger ravive l'idée de le voir se reconvertir en politique. Le futur ex-patron de la CFDT répète qu'il ne veut pas entrer en politique et ne sera pas candidat à la présidentielle. Mais un soutien d'Emmanuel Macron n'y croit pas trop: "En général, quand on dit qu'on va pas y aller, c'est qu'on est tenté".

Certains socialistes considèrent Laurent Berger comme une possible personnalité politique de premier plan, "sans forcément parler de la présidentielle" explique un député, notamment via sa plateforme "le Pacte du pouvoir de vivre", lancée en 2019 et qui regroupe plusieurs dizaines d'organisations.

Mais les socialistes ne sont pas les seuls intéressés. Un membre du Modem compte bien suivre de près la suite de la carrière de Laurent Berger.

"En ce moment, ce serait compliqué, mais on aurait beaucoup de choses à se dire avec le Modem", détaille-t-il.

Bref, si jamais Laurent Berger change d'avis, il aura l'embarras du choix.

Romain Cluzel avec Maxime Martinez