Ambiance glaciale à LFI après la suspension de Raquel Garrido pour 4 mois

LFI se morcelle. La députée de La France insoumise Raquel Garrido a été suspendue 4 mois par le bureau de son groupe parlementaire. Pendant cette période, elle ne pourra plus prendre la parole à l'Assemblée nationale au nom de La France insoumise, notamment lors des questions au gouvernement.
Il lui est reproché "non pas de défendre ses idées", mais d'avoir nui "au bon fonctionnement collectif du groupe parlementaire" par "la diffusion de fausses informations dans la presse" ou "la mise en cause et le dénigrement ad hominem de plusieurs membres du groupe".
Dans un communiqué publié mardi sur X (anciennement Twitter), Raquel Garrido, qui avait accusé Jean-Luc Mélenchon de "nuire" au mouvement, s'est dite "humiliée".
"Verdict de la CPI (la Cour pénale insoumise): 4 mois. C'est comme Adrien Quatennens. Pourquoi ? (...) Parce que j'ai osé dénoncer la communication masculiniste d'Adrien Quatennens orchestrée par Sophia Chikirou et soutenue par Jean-Luc Mélenchon, parce que j'ai défendu l'unité de la NUPES et de LFI pendant le grand mouvement des retraites alors que la direction LFI ne faisait que cliver", a poursuivi la député de La France insoumise
"Je suis humiliée, je suis en colère, j'ai honte de voir cette évolution du projet politique auquel j'ai consacré 30 ans de ma vie", a ajouté l'élue.
Fortes dissensions
Clémentine Autain, autre figure dissidente de LFI, s'est dite "atterrée" par cette sanction ce mardi sur France Inter. "Le parti ne se renforce pas en s'épurant", a-t-elle estimé. "La logique qui sous tend tout cela, c'est l'idée que le clan irait avant le mouvement", en référence directe à Jean-Luc Mélenchon et ses proches.
Elle a cité la députée Danièle Obono "qui a pu tenir des propos sur le Hamas qui ne sont pas en correspondance avec la position du groupe" ou des déclarations polémiques rapportées de Sophia Chikirou: elles "méritaient, me semble-t-il, au moins d'être entendues pour qu'elles puissent s'expliquer devant nous. Tout cela n'a pas été fait".
Pour elle, "il faut s'interroger sur notre profil politique (...) : depuis un an, nous aurions dû monter en régime" alors que le mouvement est "embourbé dans des polémiques".
"Aussi punissable que mettre une gifle à sa femme"
"Dire du mal du chef, c'est aussi punissable que mettre une gifle à sa femme", s'étonne ce mardi sur le plateau des "Grandes Gueules" Olivier Truchot. "C'est une connerie politique, je suis extrêmement déçu", déplore de son côté Etinne Liebig. "Ce sont des méthodes staliniennes contre Raquel Garrido qui est assez appréciée et qui est très honnête".
"Je trouve idiot ce procès stalinien d'un autre âge", ajoute-t-il. "Ce n'est même plus un parti politique, ce sont des tribuns staliniens", abonde Zohra Bitan sur RMC et RMC Story.
Ambiance glaciale chez LFI
Ce mardi lors d'un point presse, Mathilde Panot a écarté toute sanction pour avoir critiqué le parti ou toute sanction égale à celle d'Adrien Quattenens: " : "Il est faux de dire que Mme Garrido aurait été sanctionnée pour avoir critiqué ou pour avoir juste exprimé ses idées", a assuré la Présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale.
Selon l'élue, la sanction contre Raquel Garrido est due à "des accumulations d'agissements et de propos répétés qui nuisent au bon fonctionnement du groupe, notamment la diffusion de fausses informations dans la presse à propos du groupe ou de ses membres, le dénigrement ad hominem de plusieurs membres du groupe, la prise à partie de salariés du groupe parlementaire".
De son côté, François Ruffin, autre taulier du parti, a pris la défense de Raquel Garrido: "À défaut de pouvoir débattre ensemble, la direction de mon groupe parlementaire pourrait-elle nous fournir la grille tarifaire en cas de divergence politique?", s'est-il interrogé sur X.
"Raquel Garrido est en désaccord sur l'absence de démocratie dans la France insoumise. Et comment notre mouvement, qui prône la VIème République, lui répond ? Non par un débat, mais par une sanction", a ajouté François Ruffin. À quelques semaines des fêtes, l'ambiance est donc glaciale chez les Insoumis.