RMC
Politique

“Destitution”, “censure”, “démocrature”... les réactions politiques au discours de Michel Barnier

Mathilde Panot à l'Assemblée nationale le 1 octobre 2023

Mathilde Panot à l'Assemblée nationale le 1 octobre 2023 - ALAIN JOCARD / AFP

Michel Barnier a prononcé son discours de politique générale ce mardi 1ᵉʳ octobre. Alors que le RN exige que le gouvernement présente une nouvelle loi immigration, LFI assure que son groupe aurait "trois priorités" face au "chaos" laissé par Emmanuel Macron: "censurer (le) gouvernement", "destituer" le chef de l'État et le "remplacer". Voici les principales réactions politiques aux annonces du Premier ministre.

Les trois "blocs" de l'Assemblée ont fait pression mardi 1er octobre sur Michel Barnier, la gauche appelant à son départ, le bloc central alertant sur la question fiscale, et l'extrême droite avançant des lignes rouges, notamment sur l'immigration.

La gauche montre la porte

"Vous avez décidé de gouverner par la force", a lancé au Premier ministre depuis la tribune la présidente du groupe LFI Mathilde Panot, peu après que ses troupes ont brandi dans l'hémicycle des cartes d'électeurs, symbolisant le contournement des élections que représente, selon eux, l'arrivée à Matignon de Michel Barnier.

Accusant le gouvernement de s'être mis "dans la main du Rassemblement national", la cheffe des députés Insoumis a égrené trois priorités: "censurer" le gouvernement pour envoyer "Lucie Castets" à Matignon, "destituer" Emmanuel Macron et le "remplacer".

"Si le pouvoir a quitté l'Élysée, il n'est pas à Matignon désormais. Il est ici au Palais Bourbon", a lancé le chef des députés socialistes Boris Vallaud. Il a également promis de s'opposer à "toute atteinte aux droits fondamentaux", à la "suppression de l'Aide médicale d'Etat" pour les étrangers en situation irrégulière ou "à la mise en oeuvre de la réforme des retraites".

La cheffe du groupe Ecologiste et Social Cyrielle Chatelain a quant à elle lancé un avertissement à Michel Barnier: "vous le savez, votre gouvernement a une durée de vie limitée. Vos alliés du Rassemblement national finiront par mettre fin à votre collaboration". Elle a toutefois noté quelques sujets susceptibles de créer du consensus dans cette Assemblée éclatée, citant pèle-mêle "fin de vie, lutte contre les déserts médicaux, transition énergétique, prévention des morts au travail, action contre la crise du logement, taxation des super dividendes".

Du côté des communistes, André Chassaigne a taclé un programme qui est une "potion à base d'injustice, d'insécurité, d'instabilité". "Jamais, nous ne ferons notre démocratie contre une démocrature. A l'ordre, l'ordre, l'ordre, nous vous répondrons toujours justice, justice, justice". Se revendiquant également de l'opposition, le patron du groupe Liot Stéphane Lenormand a lui appelé à une "refonte du mécanisme européen de fixation des prix de l'électricité" et à une "loi Mayotte" pour répondre aux problématiques spécifiques de ce territoire ultra-marin.

Marine Le Pen entre "construction" et coup de pression

Conscients, et ravis, de leur rôle d'arbitre d'une éventuelle motion de censure, les députés RN ont souligné par la voix de leur présidente Marine Le Pen trois "lignes rouges". Deux avaient été publiquement avancées par ses troupes: l'instauration d'une dose de proportionnelle aux législatives, - avec "prime majoritaire" a plaidé mardi Marine Le Pen, et la compensation de hausses d'impôts par un gain de pouvoir d'achat pour les Français les plus modestes.

La troisième est l'exigence d'une nouvelle loi immigration, au "premier trimestre 2025", reprenant a minima les dispositions de la dernière loi très marquée à droite, censurées par le Conseil constitutionnel en tant que cavaliers législatifs.

"Nous entendons plus que jamais être une force de construction", a assuré Marine Le Pen, pour mieux appeler le chef du gouvernement à "faire preuve de courage".

L'ex-majorité défend ses lois de programmation

Le patron du groupe Droite républicaine Laurent Wauquiez s'en est pris à mots couverts à la précédente majorité appelant à "gérer l'argent public comme si c'était le nôtre, ce qui n'a pas été fait. Mettre un terme au gaspillage, ce qui n'a pas été fait". Il a annoncé que son groupe ferait des propositions, à l'occasion d'une conférence de presse mercredi.

À l'unisson, les trois présidents des groupes de l'ex-majorité ont appelé à ne pas toucher aux budgets prévus par les lois de programmation du ministère de l'Intérieur, des Armées et de la Justice, votées ces dernières années au Parlement.

Pour rétablir les comptes publics "la bonne méthode" est "moins de dépenses et certainement pas plus d'impôts", a martelé Gabriel Attal, patron du groupe Ensemble pour la République (ex-Renaissance). Il a également demandé à reprendre la réforme de l'assurance chômage qu'il avait engagée, alors que Michel Barnier a préféré redonner la main aux syndicats et au patronat pour négocier.

Le patron du groupe MoDem Marc Fesneau a lui réaffirmé l'attachement du MoDem à des mesures de justice fiscale, citant "la taxation des superdividendes, celle des rachats d'actions, ou encore la fiscalité sur le capital". Chef du groupe Horizons (parti d'Edouard Philippe), Laurent Marcangeli a invité à ne pas céder au réflexe "d'augmenter les impôts de façon indifférenciée" mais s'est dit ouvert à "quelques ajustements conjoncturels" sur la fiscalité.

C.A avec AFP