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Emeutes: pourquoi les propos de Jean-Luc Mélenchon divisent la Nupes

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Jean-Luc Mélenchon a pris la parole alors que des émeutes secouent la France depuis la mort de Nahel mardi dernier. Mais le leader de la France insoumise ne s'est pas exprimé pour appeler au calme, plutôt pour demander justice. Une position qui dérange au sein de la Nupes.

La position de Jean-Luc Mélenchon face aux émeutes de ces derniers jours crée une fracture au sein de la Nupes. Depuis une semaine, le leader de La France insoumise n’appelle pas au calme, mais à la justice. Et même s’il n’encourage pas directement la violence, le message passe très mal chez les autres membres de la Nupes.

Plusieurs d’entre eux racontent leur incompréhension et être mal à l’aise avec la position de l’ancien candidat à la présidentielle. La fracture semble encore plus grande que pendant la réforme des retraites. Parce qu’il s’agit d’un problème de fond, et pas seulement de tactique politique.

Un député socialiste résume: "Quand on aspire à gouverner, on aspire à l’ordre républicain, on ne peut pas dire qu’on n'appelle pas au calme". Un communiste, lui, se lâche: "Les mélenchonistes sont complètement cintrés, c’est totalement irresponsable".

Il reproche notamment aux insoumis de ne pas être maires des communes touchées par les violences, et de ne pas avoir à gérer les dégradations.

La France Insoumise isolée?

Le risque, c’est que les propos de Jean-Luc Mélenchon soient généralisés à toute la Nupes et décrédibilisent la gauche sur le long terme. Alors, plusieurs responsables se préparent déjà. Les réunions hebdomadaires de la Nupes ce lundi et ce mardi s’annoncent particulièrement tendues.

En plus de ce désaccord interne, Jean-Luc Mélenchon donne des arguments au gouvernement. C’est ce que regrettent plusieurs membres de la Nupes. Avec cette prise de position, le débat se focalise désormais sur les violences, et les raisons de la mort du jeune Nahel passent au second plan. Un écologiste considère que c’est l’occasion parfaite pour le gouvernement de se dérober. Une forme de diversion, pour éviter de parler du problème de fond: la situation dans les quartiers populaires.

Un membre de la direction d’EELV s’agace. “Il n’y a pas eu un discours politique du gouvernement depuis une semaine. On ne réglera rien en disant que c’est uniquement un problème sécuritaire”, affirme-t-il.

Un communiste résume de son côté: "LFI tend le bâton pour se faire battre et le gouvernement s’en sert. C’est un jeu dangereux". Sa principale crainte, donner à l’extrême droite tous les arguments pour gagner encore un peu plus de terrain.

Romain Cluzel