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Fabrice Leggeri l'ex-patron de Frontex rejoint le RN: à quoi sert l'agence de surveillance des frontières

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En déplacement dans les Alpes-Maritimes ce lundi pour la lutte contre l'immigration illégale, Jordan Bardella est accompagné de Fabrice Leggeri, ex-patron de Frontex, l'agence de l'Union européenne en charge du contrôle et de la gestion des frontières extérieures.

Le va-tout qui pourrait faire la différence. Fabrice Leggeri, ancien dirigeant de Frontex durant 7 ans, a annoncé rejoindre le RN pour les élections européennes prévues en juin prochain. Un ralliement particulièrement intéressant pour le parti, qui souhaite en faire un atout majeur de sa campagne.

Et pour cause, à l'occasion d'un déplacement consacré à la lutte contre l’immigration illégale, Jordan Bardella, président Rassemblement national, était accompagné de Fabrice Leggeri, présenté comme une "prise de guerre" pour le parti, en vue des élections européennes.

Pourquoi lui ?

Dirigeant de Frontex durant 7 ans, Fabrice Leggeri était en tête de l’agence européenne qui est en charge du contrôle des frontières, ayant et pris une importance considérable depuis la crise migratoire de 2015.

Haut fonctionnaire de 55 ans, énarque et normalien, Fabrice Leggeri, avant de diriger Frontex, a travaillé dans les ministères en France pendant 30 ans, notamment sur les questions de sécurité. Il a ainsi eu l'occasion d'explorer de l’intérieur la politique européenne que dénonce précisément le Rassemblement national.

Un atout particulièrement utile pour Marine Le Pen, estimant ce week-end que lui "peut dire aux Français ce qui se passe, et démontrer que pour l’Europe, l’immigration n’est pas un problème, c’est un projet". Fabrice Leggeri lui-même a indiqué qu'il rejoignait le RN pour "remettre la France et l’Europe sur le droit chemin".

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Expliquez-nous par Sébastien Krebs : L’ex-patron de Frontex rejoint Jordan Bardella - 19/02
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Et non seulement il a rejoint le parti, mais il sera en 3ème position sur la liste de Jordan Bardella. Et son ralliement a été parfaitement scénarisé : interview dans le Journal du Dimanche hier, puis déplacement des deux hommes aujourd’hui sur la Côte d’Azur, auprès de CRS et au poste-frontière de Menton. Preuve que Jordan Bardella veut mettre en scène ce ralliement de poids, et que Fabrice Leggeri sera appelé à jouer un rôle important dans la campagne.

L'agence la plus puissante de l'UE

Outre le profil de Fabrice Leggeri, Frontex, face aux crises migratoires, est devenue ces dernières années l’agence "la plus puissante de l’Union européenne", selon les sénateurs français dans un rapport publié l’an dernier.

En 2012, l'agence possédait un budget de 86 millions d’euros, aujourd’hui c'est dix fois plus : 874 millions d’euros cette année. Face à la crise migratoire qui a suivi les révolutions arabes, l’Europe en a fait un dispositif central, pour le contrôle des frontières extérieures.

A l’origine, Frontex ne devait être qu’un outil de coordination. Aujourd’hui, elle est devenue une force opérationnelle, avec ses propres agents sur le terrain. Plus de 2.000 aujourd’hui, et l’objectif c’est d’atteindre 10.000 en 2027. Des agents armés et en uniforme, comme des garde-côtes européens, pouvant mener des opérations aux frontières : des patrouilles, sur terre et sur mer, avec des avions, des bateaux…

Mais avec des résultats souvent jugés largement insuffisants. La Cour des comptes européenne a rendu à l’automne dernier un rapport accablant, jugeant que Frontex ne parvient pas à remplir pleinement sa mission, malgré les moyens alloués. Une question qui sera forcément au cœur de la campagne des élections européennes.

Véritable efficacité ou bluff ?

Même constat flou pour Fabrice Leggeri, qui aurait, selon ses dires et le RN, quitté l'agence parce que les institutions européennes l'empêchaient de mener sa mission, de contrôler les frontières. C’est ce qu’il explique dans le JDD, il parle d’un "changement dans les directives de la Commission européenne", qui selon lui "encourage et tolère la submersion migratoire".

Il dit avoir subi des pressions, parce qu’il voulait contrôler l’immigration. Ce qui est sûr c’est que la fin de son mandat a été marquée par de très fortes tensions, Frontex étant sous le feu des critiques.

Le Parlement européen, la Commission, les ONG, accusaient les agents de refouler illégalement des migrants en mer Egée, et leur patron de couvrir ces opérations contraires au droit international. Et puis, Fabrice Leggeri a aussi fait l’objet d’un rapport de l’Office européen de lutte contre la fraude, dans lequel il lui est reproché de ne pas avoir respecté les procédures, d’avoir été déloyal vis à vis de l’Union européenne, sans compter un mauvais management personnel.

C’est ce rapport qui l’a poussé vers la sortie. Lui estime qu’il a surtout acté une différence d’interprétation du mandat qui lui était confié. Il juge qu’une trop grande priorité a été donnée par l’Europe à la défense des droits humains.

Sébastien Krebs et Léa Espagnet