Henri Guaino explique pourquoi il n'a pas voté pour Emmanuel Macron
"Non, je n'ai pas voté Emmanuel Macron, comme en 2017." Invité des "Grandes Gueules" ce vendredi sur RMC et RMC Story, l'ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy à l'Élysée, Henri Guaino, a expliqué les raisons ce choix.
"Je refuse d'être mis au pied du mur. Je n'étais pas d'accord avec lui en 2017, je ne suis pas d'accord avec ce qu'il fait depuis cinq ans et je ne suis pas d'accord avec ce qu'il semble vouloir faire pour les cinq années à venir, comme la réforme des retraites de 65 ans ou les tâches obligatoires pour le RSA."
Contre la réforme des retraites à 65 ans
Henri Guaino voit une grande différence entre la réforme des retraites proposée par Emmanuel Macron et l'idée que Nicolas Sarkozy avait de cette réforme lorsqu'il était au pouvoir entre 2007 et 2012: "Sarkozy voulait travailler plus, certes, mais pour gagner plus".
"Il n'avait pas promis de reculer l'âge de départ à la retraite, il l'a fait sous la pression de la crise économique. Beaucoup de gens lui proposaient 65 ans et il s'y était refusé."
Henri Guaino, qui dans le sillage de Philippe Séguin a conservé une fibre sociale, a une conviction profonde: "Il faut supprimer l'âge légal de départ à la retraite" et faire reposer le système sur le nombre d'annuités.
"Ceux qui ont commencé à travailler tôt se font escroquer par le système de retraite. On le fait sur le dos de ceux qui travaillent plus."
Il dénonce aussi le climat ambiant dans lequel cette réforme est portée, dans "une société tellement fragile, au bord de craquer" et juge que passer l'âge de la retraite à 65 ans est dès lors "une folie politique". Pour lui, la priorité d'Emmanuel Macron devrait être tout autre: "réunifier la société et de rétablir l'autorité de l'État" et "mettre le reste de côté".
Guerre en Ukraine: du discours aux actes
Autre point de désaccord avec le chef de l'État, la politique internationale et la gestion de la guerre en Ukraine. S'il consent qu'"Emmanuel Macron est celui qui dit le plus de choses censées dans le discours", il considère qu'il "n'en tire aucune conséquence dans les actes." Pour lui, "l'Europe, l'Occident nourrit une escalade" et "personne ne sait où elle va aller". "Or, la guerre c'est quelque chose qu'on a du mal à maîtriser".
"On laisse faire les Américains et on les suit" juge l'ancien commissaire général au Plan.
"Si on ne discute pas avec Poutine ou la Russie, car on considère que Poutine c'est Hitler, comme certains le disent, alors on ne discute pas du tout et il faut assumer la suite de l'histoire: la troisième guerre mondiale avec des armements nucléaires. Le sujet, ce n'est pas (qui a déclenché cela). La question c'est, où allons-nous ?".
Une solution diplomatique au conflit
Henri Guaino explique qu'"on aurait dû tout faire pour ne pas en arriver là et accepter la neutralité de l'Ukraine, en disant ni Ukraine dans l'OTAN, ni Ukraine dans l'Union européenne". Le refus de l'Ukraine dans l'OTAN, c'est notamment ce qu'avaient proposé Nicolas Sarkozy et Angela Merkel en 2008, à Bucarest. Il estime que "pousser les feux de l'OTAN jusqu'à la Russie", c'est "jouer avec le feu" et que la solution dans ce conflit est diplomatique.
"Essayons d'obtenir un cessez-le feu en contrepartie de la suspension des livraisons d'armes et de la promesse de la neutralité de l'Ukraine par rapport à l'OTAN. Ne rien faire est fou, la surenchère est folle."
"Ni sur la guerre, si sur le social, ni sur l'économique, la classe politique française ou européenne n'est à la hauteur", conclut-il.