"Il a voté contre nous, on ne le lâchera pas": des syndicats mettent la pression sur les élus
Va-t-on connaître un nouvelle accélération de la violence dans la contestation de la réforme des retraites? Dans une note, le renseignement territorial alerte sur de possibles dérives du mouvement de contestation, notamment en cas d'utilisation du très controversé article 49-3 de la Constitution qui permet à un texte de passer en force, "susceptible de contribuer à revivifier la contestation et potentiellement sa radicalisation".
Selon les services de renseignements, "les opposants pourraient multiplier les actions ciblées à l'encontre des intérêts d'élus favorables au projet de réforme, voire les interpeller de façon virulente à l'occasion de leurs déplacements ou dans leurs permanences."
Mardi soir, c'est le siège du parti présidentiel Renaissance à Paris qui a été visé, avec 250 à 300 manifestants qui ont jeté des poubelles devant le bâtiment.
Autre signe de cette inquiétude, toutes les visites sont annulées ce mercredi à l'Assemblée nationale pour raisons de sécurité. Les annulations la veille sont très rares.
"On a encore espoir"
Un peu plus tôt dans la journée, les syndicats de Mayenne ont mis un coup de pression sur leurs deux sénateurs. Avec un rassemblement à Laval devant la permanence de la centriste (UDI) Elisabeth Doineau notamment, rapporteure générale de la Commission des affaires sociales et membre de la commission mixte paritaire qui se réunit ce mercredi. Portes closes, devant la cinquantaine de manifestants, en majorité des syndicats.
"On voulait rappeler à madame la sénatrice que lorsque 80% de la population est contre cette réforme, il faut les écouter. Et ce message est valable pour l'ensemble des politiques de ce pays", lance Sébastien Lardeux, de FO. Un signal à tous les politiques, à ceux qui hésitent. En Mayenne, le député Favennec a décidé de ne pas voter la réforme, rappelle-t-il.
Pour Loïc Broussey, le responsable de l’Union départementale Unsa, cela montre que les opposants à la réforme peuvent encore gagner le bras de fer.
"On a encore espoir. On espère que la pression qu'on met aux sénateurs peut inciter certains députés à passer du bon côté de la force".
Mais, il craint le 49.3: "Les Français vont être désabusés, on a entendu un certain nombre dire qu'ils ne voteraient plus. C'est grave dans un pays démocratique."
"Il a voté au Sénat contre nous, contre l'avis du peuple"
Devant la permanence du second sénateur de Mayenne, ce militant FO appelle à d’autres actions pour accentuer la pression: "Il a voté au Sénat contre nous, contre l'avis du peuple. Mais il y a un après. On ne le lâchera pas, on lui rappellera ce qu'il a fait. Quoi qu'il arrive !", menace-t-il.
Contactée, la sénatrice de Mayenne Elisabeth Doineau dénonce un chantage et des menaces qui restent, dit-elle, sans effet: "On n’est pas là pour ne pas avoir de courage".