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"Il veut leur montrer que c'est lui le patron": Macron recadre ses ministres sur l'entrisme islamiste

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Emmanuel Macron a recadré ses ministres mercredi, lors d'un conseil de défense consacré à l'entrisme islamiste en France, jugeant que les propositions faites n'étaient pas à la hauteur de la "gravité des faits". Le président de la République en réclame de nouvelles.

Emmanuel Macron réclame de "nouvelles propositions" aux ministres du gouvernement Bayrou. Le président de la République réunissait mercredi en fin de matinée plusieurs ministres pour un Conseil de sécurité consacré à la présentation du rapport sur l'entrisme des Frères Musulmans.

Des annonces devaient être faites mais à l'issue, l'Elysée a fait savoir que compte tenu de la "gravité des faits établis", le président a considéré les propositions insuffisantes. Il en réclame de nouvelles pour un prochain Conseil de défense en juin, indique encore l'Elysée.

"C'est lui le patron"

Ce Conseil de sécurité avait, en tout cas, des allures de recadrage "au vu de la gravité des faits établis", la Présidence demande au gouvernement de formuler de nouvelles propositions. Une ambiance pesante, un travail jugé insuffisant. C'est peu dire que le Président a rappelé à l'ordre ses ministres. Insatisfait des solutions proposées pour lutter contre l'entrisme des Frères musulmans, il demande à revoir la copie. Bruno Retailleau a bien esquissé des pistes: un vrai chef de file en matière de renseignement, un parquet administratif dédié à Beauvau, la formation des fonctionnaires etc.

Mais c'est précisément lui que le chef de l'Etat avait en ligne de mire, convaincu que les fuites du rapport dans la presse émanent de son cabinet. Une manière de faire "redescendre" un Bruno Retailleau qui a le vent en poupe, estime un conseiller ministériel. Il a voulu dire: "c'est maintenant qu'il faut des propositions, pas dans un tract pour 2027". Un recadrage qu'un autre conseiller voit comme un tacle à son Premier ministre: "il voit que la baraque n'est pas tenue", alors il veut montrer que "c'est lui le patron".

"Un aveu de non-préparation"

Ce coup de pression du président au gouvernement est le bienvenu, parce qu'il y a urgence dit la députée Rassemblement national Laure Lavalette: "C'est un aveu de non-préparation".

"Je suis très inquiète de me dire que les gens qui nous gouvernent depuis 7 ans soient, à ce point-là, sourds. Il est temps de réagir", s'indigne-t-elle.

Les ministres présenteront leurs mesures lors d'un nouveau conseil de défense, début juin. Sans attendre, Gabriel Attal dégaine ses propres pistes. Ce mardi, il avance l'interdiction du voile avant 15 ans: "Je considère qu'on doit agir et qu'on ne doit pas rester les bras ballants". Et lundi prochain, d'autres propositions du patron de Renaissance: "Parmi nos propositions, assécher les financements de lieux de culte ou d'associations qui prêchent la haine et qui vont à l'encontre des valeurs de la République".

La gauche temporise

Mais le socialiste Jérôme Guedj met en garde: attention à la surenchère.

"Je ne voudrais pas que ce sujet-là devienne la course à l'échalote", prévient le député.

"Il y a déjà des dispositions dans la loi de 1905. Un article dit que toute personne qui fait pression sur quelqu'un pour l'obliger à croire ou pour l'empêcher à croire, c'est un délit pénal, une atteinte à la laïcité. Il n'y a eu aucune poursuite sur ce terrain-là". Quand Jean-Luc Mélenchon voit, lui, l'islamophobie "franchir un seuil désastreux pour l'unité du pays".

Emmanuel Macron s'est aussi engagé à rendre public le rapport de manière plus détaillée qu'il n'avait déjà fuité dans la presse.

SG avec Cyprien Pézeril et Hélène Terzian