Inflation et profits des industriels: "Bruno Le Maire nous cache la vérité", accuse Aurélie Trouvé

Les grands groupes industriels sont-ils des profiteurs de crise? C'est l'accusation portée par la députée La France insoumise Aurélie Trouvé, invitée d'"Apolline Matin" ce mercredi sur RMC et RMC Story. Cette économiste base ses reproches sur une étude de l'institut La Boétie, co-présidé par Clémence Guetté (députée LFI du Val-de-Marne) et Jean-Luc Mélenchon, publiée mardi, qui montrerait que l’augmentation des profits des entreprises de l’agroalimentaire est responsable de 60% de l’inflation, contre seulement 30% pour les salaires et 10% pour le coût des achats intermédiaires.
Aurélie Trouvé, qui fait également partie de cet institut "insoumis", précise sur RMC les résultats de cette étude qui vise la responsabilité des industriels mais également du gouvernement.
"Bruno Le Maire nous cache la vérité, car on observe que l'essentiel de la flambée des prix est liée à une hausse des profits de grands industriels de l'agroalimentaire", accuse-t-elle directement.
L'élue de Seine-Saint-Denis prend exemple sur la plaquette de 500g de beurre "Président" qui est passée de 3-4 euros à 5 euros. "Lactalis, comme beaucoup d'autres industriels, ne sont pas cotés en Bourse, donc on ne connaît pas précisément leurs profits réalisés en 2022, ce qui est un problème. Mais au niveau global, les taux de marge n'ont jamais été aussi élevés avec près de 44%", souligne-t-elle.
"La plupart des entreprises agroalimentaires sont des TPE-PME, mais l'essentiel du chiffre d'affaires et des bénéfices, Danone, Bigard, Lactalis, ce sont les très grandes entreprises. Elles gonflent énormément leurs profits et bénéfices, au contraire de ce que dit Bruno Le Maire", reproche-t-elle.
"Le pouvoir d'achat des salariés s'est effondré de 3% en 2022, c'est historique"
Aurélie Trouvé fait partie de ceux à gauche réclamant une indexation des salaires sur l'inflation, comme cela se fait dans d'autres pays européens comme la Belgique. Ce qui permettrait selon elle d'éviter une baisse de pouvoir d'achat "historique".
"Ce qu'on dénonce, c'est que les salariés, dans ces boîtes, n'en profitent pas. Le pouvoir d'achat des salariés s'est effondré de 3% en 2022, c'est historique, ce n'est pas arrivé depuis 30 ans", souligne-t-elle, taclant l'impuissance de l'Etat.
"L'État veut cacher son impuissance. Il devrait être gendarme de l'économie, mais il laisse faire, il refuse de taxer les superprofits, d'indexer les salaires sur l'inflation voire de bloquer les prix sur les produits de première nécessité", reproche-t-elle, notant une chose assez inquiétante: que la consommation alimentaire ait baissé de 5% en volume. "Cela veut dire que des gens renoncent à des produits".
"Il y a des grands profiteurs de crise qui augmentent leurs profits. Ça va aux familles les plus fortunées, sur le dos des familles les plus modestes. Dans ma circonscription, il y a de moins en moins d'élèves qui mangent à la cantine. Voilà où on en est dans un des pays les plus riches du monde", souffle-t-elle.