Législatives 2017: "Le PS est fini"

Le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, le 11 juin 2017. - AFP
Laurent Bouvet est professeur de science politique à l’université Paris Saclay. Il est également l’auteur de "La Gauche Zombie" (éd. Lemieux).
"Là c’est fini. On peut dire que c’est terminé, pour de bon. Le PS n’a plus de militants, il n’a plus d’élus locaux, et là il n’y aura plus d’élus nationaux. Et surtout ils vont perdre l’argent. C’est ça aussi l’enjeu des législatives, c’est le financement public. Les deux parts du financement - le nombre de voix et le nombre d’élus à l’Assemblée nationale et au Sénat - vont être catastrophiques. En plus il y a les sénatoriales en septembre, ça va être la catastrophe.
Il va y avoir ce qu’on peut appeler une refondation. Je ne sais pas sous quelle forme. Il va y avoir certainement un parti qui va se rénover. Peut être en s’élargissant. Ou alors il y aura deux partis qui vont en être issus. Pour le moment c’est trop tôt pour le dire. En tout cas, le PS tel qu’on l’a connu jusqu’ici, c’est terminé.
Ça fait des années que le PS est malade. C’est un parti mort-vivant. Il y avait des signes qui montraient que ça n’allait pas du tout. La victoire de Hollande en 2012, c’était un dernier sursaut avant la mort. Leur campagne a été inexistante. Après la performance, si on peut appeler ça comme ça, de Benoit Hamon à la présidentielle a montré que c’était déjà terminé. La plupart des députés PS ont tout fait pour essayer de sauver les meubles.
"Il n’y a pas eu de renouvellement des personnes, pas eu de renouvellement doctrinal, il n’y a rien eu"
On verra le nombre de députés, mais je pense que ce sera assez faible. Je crois même que ce sera en-dessous de 30, peut-être une vingtaine. Le PS achève un grand cycle historique, le cycle du parti d’Epinay. Il s’était un peu renouvelé après Mitterrand avec Jospin, à la fin des années 90. Mais depuis la défaite de 2002, et malgré la victoire de 2012 et les victoires locales avant ça, il n’y a pas eu de renouvellement des personnes, pas eu de renouvellement doctrinal, il n’y a rien eu.
Le Parti socialiste dans son ensemble paie des années d’absence de tout travail, de toute réflexion sur la société, de perspective sur ce qui arrive dans le monde. C’est un parti qui est resté totalement figé au mieux dans la fin des années 90, et encore. Si ce n’était que de la faute de François Hollande et de Manuel Valls, les frondeurs et Benoit Hamon auraient fait beaucoup plus. Parce qu’eux se sont opposés. Le problème c’est qu’ils ne font pas plus, ils font même beaucoup moins. Il y a un souci dans cet argument. C’est une responsabilité collective de tous les socialistes".