Législatives: déjà au cœur des discussions, les consignes de vote divisent

C'est un débat qui monte depuis plusieurs jours. Celui des consignes de vote. Alors que le premier tour des législatives ne s'est pas encore tenu (30 juin), les partis commencent déjà à réfléchir au second tour (7 juillet), avec la question des désistements et des consignes de vote.
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"Je ne les suis jamais"
Des consignes de vote qui n'ont plus la cote auprès des électeurs rencontrés par RMC dans les Hauts-de-Seine, à Meudon et Vélizy. Qu'importe leur bord politique, la majorité des électeurs ne sont pas réceptifs. "Je ne les suis jamais, moi je voterai ce que je veux. Il n'y a pas besoin de me dire pour qui voter", indique un homme âgé. "Je veux avoir, moi, en tant que citoyenne, le choix de voter qui je veux. Aujourd'hui, on nous met la presson", explique une jeune femme.
Fidèle électrice de la majorité présidentielle (Ensemble pour la République), Yamina n'a pas attendu des directives de son parti. Au deuxième tour, elle fera barrage. "Mon vote n'irait certainement pas pour le Rassemblement national. Et surtout pas un vote blanc, parce que je trouve que c'est irresponsable: on a tous une opinion quelle qu'elle soit."
Une opinion mais de moins en moins d'attachement à un parti, analyse le politologue Benjamin Morel. "Avant, quand vous étiez un électeur communiste, vous suiviez la consigne de parti, et cette consigne était prescriptrice du vote. Aujourd'hui, la filiation et le sentiment d'appartenance à un camp politique ou à un parti est beaucoup plus faible, et les figures sont en grande partie décridibilisées", explique le docteur en sciences politiques à l'université Paris Panthéon Assas.
Les candidats de la majorité pas tous convaincus
Quelle attitude adopter pour la majorité en cas de duel entre un candidat du bloc de gauche et un autre du bloc RN au second tour? Avant même le premier tour, les ténors du camp présidentiel et gouvernemental se sont réunis ce mardi pour discuter des consignes de vote en cas de second tour RN/NFP. Une ligne semble s'être dessinée, celle du "ni RN, ni LFI". Un consensus visiblement partagé autour de la table, sans que ce soit tranché, insiste-t-on du côté de l'Elysée.
Mais c'est loin de convaincre tous les candidats de la majorité concernés, interrogés par RMC. "Ce sont des consignes de chefs à plumes" a réagi un candidat sortant, peu convaincu par l'utilité d'une telle stratégie. Un avis largement partagé par un ex-député en campagne, pour qui "les consignes de vote ne sont pas suivies".
Beaucoup de députés macronistes sortants sont d'accord pour "faire barrage à tous les extrêmes". Mais une ministre-candidate s'interroge déjà, guidée par son combat contre l'extrême-droite: "Cela dépend du profil de l'insoumis".
Et en cas de triangulaire? Le "ni ni" impliquerait un désistement du candidat du bloc central au profit de celui de la gauche, sauf s'il est insoumis. Là encore, entre les rancœurs de certains à l'égard du président ou encore des considérations très locales, ce sera au cas par cas. Des députés sortants assument déjà vouloir braver les consignes.
Ce qui est sûr, c'est qu'aucune ligne, aucune décision ne devait fuiter avant dimanche soir. D'après un participant à la réunion, ni le président Emmanuel Macron ni le Premier ministre Gabriel Attal ne se sont d'ailleurs prononcés.
Des appels à un accord de désistement
Mardi, dans une tribune parue dans Le Monde, quelque 200 personnalités socialistes, écologistes et macronistes ont appelé la droite, le centre et la gauche à "afficher clairement dès maintenant" qu'ils mettront en place un accord de désistement entre les deux tours des législatives contre le Rassemblement national.
Sur RMC-BFMTV ce mercredi, Marine Tondelier a indiqué qu'elle "écrirait" aux chefs de partis du camp macroniste (Horizons, Renaissance, Modem, UDI) pour les convaincre d'accepter un "désistement républicain" afin de battre le RN au second tour. "Je demanderai même à les voir parce que je veux qu'ils m'expliquent les yeux dans les yeux pourquoi ils ne font pas la différence entre l'extrême droite et la gauche".
La cheffe des Ecologistes a répété que ses candidats se désisteront "si nous sommes en troisième position et que nous risquons de faire élire quelqu'un d'extrême droite", accusant ses homologues du centre et de droite d'avoir "perdu leur boussole", à l'inverse des "électeurs de gauche" qui "n'ont jamais hésité, pas par plaisir mais parce que nous avons des principes".
Prédisant qu'"il y aura beaucoup de triangulaires parce que la participation va être importante" au premier tour, Marine Tondelier a estimé que "ce désistement républicain pourrait faire basculer des dizaines de circonscriptions". "Les consignes que vont donner les partis vont compter", selon elle.
Des ex-Premiers ministres déjà positionnés
Interrogé sur France Inter ce mercredi, le chef du parti Horizons Edouard Philippe a refusé de donner sa position avant le résultat de dimanche soir. "Aujourd'hui, je me bats pour le premier tour", a-t-il expliqué, assurant qu'il aurait "l'occasion de (s)'exprimer de façon extrêmement claire" sur ce point "au soir et au lendemain du premier tour".
D'anciens ministres, de droite comme de gauche, ont, eux, d'ores et déjà indiqué qu'ils choisiraient la gauche face à l'extrême droite. Notamment, Dominique Strauss-Kahn, Dominique de Villepin et Lionel Jospin. Reste une inconnue: le nombre de déçus au premier tour qui choisiront le vote blanc ou l'abstention au second.